Tchernobyl : au paradis du nucléaire français, Marisol Touraine et le gouvernement restent sur leur nuage radioactif
Paul Giacobbi, président du conseil exécutif de Corse et député de la Haute-Corse, a évoqué mardi devant l'Assemblée nationale, lors des questions au Gouvernement l'enquête épidémiologique effectuée à l'initiative de la CTC après le passage du nuage de Tchernobyl en Corse. Son espoir d'avoir été entendu a vite été tempéré par Marisol Touraine, ministre de la Santé !
Michèle Rivasi, députée européenne.
25 juil 2013
En séance à l’Assemblée nationale mardi, la ministre de
la Santé Marisol Touraine a jugé non concluante une récente étude
italienne qui fait état d’une forte augmentation des maladies de la
thyroïde, dont des cancers, en Corse après le passage du nuage
radioactif de Tchernobyl en 1986. Le lendemain, l’Institut de
radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) lui emboîtait le pas,
jugeant que les données de base utilisées et les méthodes d’analyses
paraissent approximatives et mal décrites.
Le déni continue donc 27 ans après la catastrophe de Tchernobyl, une
position jugée irresponsable par l’eurodéputée Michèle RIVASI,
fondatrice de la Criirad (Commission de recherche et d’information
indépendante sur la radioactivité), qui soutient depuis le début cette
étude effectuée sur la base de 14.000 dossiers médicaux archivés et plus
particulièrement sur 5.500 dossiers « complets » concernant des
patients ayant consulté avant et après l’accident de la centrale
nucléaire ukrainienne du 26 avril 1986.
« Ce qui m’étonne le plus, c’est la rapidité et l’aplomb avec
lesquels l’IRSN rejette une telle étude, confiée pourtant à une équipe
scientifique aussi crédible que compétente, suite à un appel d’offres
européen. Les données utilisées sont suffisantes et crédibles. Le vrai
problème est que l’IRSN a toujours refusé de reconnaître la dangerosité
des faibles doses d’exposition à la radioactivité, s’entêtant – comme il
vient de le répéter – à ne juger cette étude qu’en l’état actuel des
connaissances sur les effets des expositions aux rayonnements
ionisants.Reconnaître les dangers des faibles doses ce serait remettre
en cause l’ensemble des normes de radioprotection et donc condamner
définitivement le nucléaire pour raisons sanitaires ».
« Actuellement au Parlement européen, nous débattons de la future
directive européenne sur la radioprotection, une occasion inédite de
remettre en cause les normes actuelles pour les améliorer, ce à quoi je
m’emploie. Je vous le dis franchement, d’un point de vue cynique nous
conservons de telles normes pour éviter de payer trop cher en
indemnisations en cas d’accident nucléaire. C’est le seul moyen d’éviter
un krach économique complet suite à une catastrophe nucléaire majeure.
Bref, une telle attitude démontre que l’on s’attend donc à avoir un
accident, ce qui est inacceptable pour tout un chacun »
.
« Cette analyse de l’IRSN contredit pourtant des études
officielles de l’Institut national de veille sanitaire (INVS), qui ont
démontré que l’incidence des cancers de la thyroïde en Corse est parmi
les plus élevée de France…puisque la Corse a été la région la plus
affectée par les retombées radioactives. CQFD ».
« Le syndrome de Tchernobyl semble toucher les gouvernements
successifs, empêtrés dans une dépendance au nucléaire qu’ils n’ont su
résoudre. Avec cette étude, la gauche avait enfin l’opportunité de
reconnaître un des plus graves mensonges de la Vème République, je suis
extrêmement déçue ».
« Depuis des années les victimes de Tchernobyl attendent une
reconnaissance officielle des maladies qui les affectent. Je ne peux que
m’indigner d’une telle irresponsabilité pour protéger les intérêts de
l’industrie nucléaire: au final, le mensonge initial oblige à sa
répétition pour ne pas mettre à mal la crédibilité de l’Etat en matière
de responsabilité nucléaire. Le seul moyen de sortir d’un tel cercle
vicieux est de sortir du nucléaire ».