Le quatrième des trois dispositifs de sécurité ayant fonctionné les deux bombes atomiques tombées du B52, en 1961, n'ont pas explosé. Voila qui est rassurant ! La réalité est plus tragique : les armes portées pouvaient échapper aux meilleurs contrôles. Et maintenant ? Sommes-nous à l'abri d'un accident ? Qui peut le dire ? Les discours rassurants ne convainquent guère. Bref, la sécurité la meilleure serait d'éliminer toutes les armes nucléaires. Impossible ? Impensable ? Alors continuons de jouer l'avenir de la planète à pile ou face.
Et si New York et Washington avaient été rayés de la carte ? D’après les révélations exclusives du "Guardian"
vendredi 20 septembre, une bombe à hydrogène (bombe H), 260 fois plus
puissante que celle qui a touché Hiroshima en 1945, a bien failli
exploser à Goldsboro, en Caroline du Nord, le 23 janvier 1961 – soit
trois jours après le discours inaugural du président John F. Kennedy.
Le "Guardian" s’appuie sur un document secret
de l’armée de l’air américaine, obtenu par le journaliste
d’investigation Eric Schlosser, en vertu de la loi sur la liberté
d’information. D’après ce document, rédigé le 22 octobre 1969, soit huit
ans après les faits, un bombardier de l’US Air Force, transportant deux
bombes H de type Mark 39 et qui survolait la côte Est, est tombé en
panne en plein vol. Alors qu’il piquait du nez, l’avion a laissé
échapper ses deux bombes au-dessus de Goldsboro.
Un petit interrupteur pour éviter une énorme catastrophe
L’une d’entre elles est tombée dans un pré, tandis que l’autre a
terminé sa course dans les branches d’un arbre, son parachute déployé et
ses mécanismes de sécurité désactivés. Seul un petit interrupteur à
faible voltage a permis d’éviter la catastrophe. Si la bombe avait
explosé, les villes de Washington, Baltimore, Philadelphie et de New
York auraient pu être touchées par le champignon atomique, avec des
millions de vie en jeu.
Le rapport, écrit par un ingénieur chargé de contrôler les mécanismes
de sécurité des bombes, est intitulé "Goldsboro revisité, ou comment
j’ai appris à me méfier de la bombe H". Ce titre est une référence au
film de Stanley Kubrick, "Docteur Folamour", dont le titre en anglais
est plus long : "Dr Strangelove or: How I Learned to Stop Worrying and
Love the Bomb" ("Docteur Folamour ou comment j’ai appris à arrêter de
m’inquiéter et à aimer la bombe").
Le gouvernement muet
Si le pire a été évité, ce n’était apparemment ni la première ni la
dernière fois qu’un tel accident se produisait. Selon le journaliste
Eric Schlosser, auteur d’un ouvrage
sur l’arme nucléaire, au moins 700 accidents ou incidents mettant en
cause 1 250 armes nucléaires auraient été enregistrés entre 1950 et
1968. "Le gouvernement américain a constamment essayé de cacher ces
informations à la population pour éviter que cela ne soulève des
questions sur sa politique nucléaire, estime le journaliste. On nous a
affirmé qu’il était impossible que ces armes se déclenchent par
accident, alors que cette bombe-là a bien failli exploser."