vendredi 25 mai 2012

Lettre aux candidats pour les législatives de juin 2012

... proposée par le Réseau sortir du nucléaire

Voter pour un candidat favorable au nucléaire ? Non !

Madame, Monsieur,

Vous êtes candidat(e) aux élections législatives dans la circonscription de …

Si vous êtes élu (e ), vous serez amené (e ) à participer à l’élaboration des lois concernant la politique énergétique française, en particulier dans le cadre du grand débat sur l’énergie qui doit commencer à l’automne prochain. À ce titre, je tiens à vous faire part de mes préoccupations :

- Jamais les Français n’ont eu la possibilité de participer à la définition des politiques énergétiques, alors qu’ils doivent en supporter les coûts et les risques. Plus de 70 % des Français souhaitent en finir avec le nucléaire, mais leurs voix ne sont pas prises en compte. Si vous êtes élu (e ), j’attends de vous que vous introduisiez une vraie démocratie en ce domaine, afin que les citoyens comme les collectivités puissent reprendre en main cet enjeu crucial.

  • De manière générale, les programmes de soutien aux économies d’énergies, à l’efficacité énergétique et aux énergies renouvelables sont sous-développés au profit du nucléaire. La France continue de parier sur des options aussi hypothétiques que dangereuses et coûteuses, comme ITER et les réacteurs dits de quatrième génération, alors que les vraies solutions à la pénurie d’énergie et au changement climatique existent et n’attendent que d’être développées. Nous avons un retard important par rapport à nos voisins européens en matière d’efficacité énergétique, de construction bioclimatique, de développement de l’éolien, du solaire, de la biomasse... Si vous êtes élu (e ), j’attends de vous que vous proposiez une vraie loi de transition énergétique, qui permette la sortie du nucléaire (avec la mise au point d’un scénario et l’adoption d’un calendrier). J’attends également de vous un soutien massif aux véritables alternatives énergétiques et un engagement net pour les économies d’énergies, qui se traduise par exemple par la proposition d’un vaste plan de rénovation des logements et du bannissement du chauffage électrique.

  • Le parc nucléaire français vieillit. Ce vieillissement rendra incontournables des travaux dont les coûts risquent de devenir vertigineux. Surtout, il accroîtra les risques : selon l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire, des ruptures brutales de cuves de réacteurs sont à prévoir passé 35 ans de fonctionnement. Si vous êtes élus, je vous demande de plaider en faveur d’une mise à l’arrêt des centrales dans leur limite de 30 ans de fonctionnement, afin de protéger les citoyens et l’environnement contre un risque d’accident, qui « n’est pas improbable » selon les propres déclarations de l’Autorité de Sûreté Nucléaire. J’attire votre attention sur le fait que la responsabilité des élus pourra être engagée en cas d’accident.

  • Également très préoccupé (e) par les coûts croissants du chantier EPR et les nombreux défauts de sécurité de ce réacteur qui ont été portés à ma connaissance, j’attends de vous que vous mettiez fin à cette impasse.

  • Les pouvoirs publics n’ont cessé d’encourager jusqu’à maintenant l’exportation de la technologie nucléaire à l’étranger : un réacteur EPR est ainsi en construction en Finlande, deux en Chine. Six autres sont en projet en Inde, et il serait question de vendre des réacteurs nucléaires à la Grande-Bretagne. Il me semble immoral d’exporter une technologie aussi dangereuse, d’autant plus que les populations locales y sont souvent opposées. Par ailleurs, ces ventes peuvent se traduire par des chantiers catastrophiques, dont les coûts sont assumés par les contribuables français. J’attends de vous que vous mettiez fin à ces exportations.

  • En 2013, doit commencer le débat public sur l’enfouissement de déchets radioactifs à Bure (Lorraine). Cette option ne résout en rien le problème des déchets, et risque à moyen terme de contaminer les nappes phréatiques. J’attends de vous que vous vous opposiez au choix de l’enfouissement des déchets.

  • 22 réacteurs français utilisent le combustible MOX. Ce mélange d’uranium et de plutonium est particulièrement dangereux. Par ailleurs, le « retraitement » à l’usine de La Hague des éléments de combustible usé nécessaires à sa fabrication entraîne une considérable pollution radioactive et chimique des eaux marines. J’attends de vous que vous plaidiez pour l’abandon de ce combustible, qui n’aurait aucune incidence sur la production d’électricité et contribuerait grandement à la diminution des nuisances.

Enfin, j’attire votre attention sur la « force de frappe » que la France maintient en violation flagrante de l’article 6 du Traité de Non Prolifération. Conçue pour exterminer des populations civiles, l’arme nucléaire est immorale et illégale. Inutile pour nous protéger des menaces actuelles, elle accroît l’insécurité mondiale. Comme sous la guerre froide, nous vivons avec la menace permanente de missiles nucléaires « en alerte », dont le lancement peut être déclenché d’un moment à l’autre y compris en cas d’erreur. En période d’austérité économique, il est indécent de dépenser des milliards d’euros pour moderniser l’arsenal nucléaire. La nécessité d’une convention internationale d’élimination des armes nucléaires a été votée a l’assemblée générale de l’ONU par les ¾ des Etats. La France a voté contre alors que 81% des Français souhaitent le désarmement nucléaire. J’attends donc de vous que vous vous engagiez résolument et concrètement pour le désarmement nucléaire, à l’instar des élus français membres des organisations «  Parlementaires pour la Non-Prolifération Nucléaire et le Désarmement » et « Maires pour la Paix ».

Si vous souhaitez approfondir ces informations, je ne saurais trop vous recommander de consulter le site du Réseau Sortir du Nucléaire (www.sortirdunucleaire.fr), qui vous garantit une information libre et indépendante.

En espérant une réponse de votre part, je vous remercie par avance pour toute l’attention que vous voudrez bien accorder à mes sollicitations., je vous prie de recevoir, Madame/Monsieur, mes salutations citoyennes.


samedi 19 mai 2012

Pour une seule lutte antinucléaire.

 

Jacques Fath, responsable du secteur relations internationales du PCF, publie, dans le numéro de mars 2012 de La Revue du Projet, un article que reprend Médiapart, le 18 mai 2012. " Comment une France de gauche peut-elle agir pour le désarmement " demande-t-il ?

Si c'est ainsi que s'ouvre le débat sur la fin du nucléaire militaire : c'est raté ! On trouve, en effet sous la plume de ce responsable du Front de gauche, membre du Parti communiste, deux affirmations parfaitement contradictoires.

On lit d'abord :  "On ne peut sérieusement penser les conditions de la sécurité internationale et le besoin de paix sans poser la question du désarmement  pour tous les types d'armes. Cette approche signifie aussi un changement de paradigme. La sécurité par la puissance et par la dissuasion... Cela reste une politique de force". Et puis ensuite : " Il n'est pas question de désarmer unilatéralement, ce qui n'aurait guère de sens dans le monde actuel et pourrait même se révéler dangereux."

Ne pouvant passer pour un adepte du seul désarmement nucléaire unilatéral de la France, il m'est aisé de dénoncer ce refus du désarmement nucléaire unilatéral de la France et ce retour à une conception étatiste et nationaliste de la défense. Jacques Fath ne va-t-il pas jusqu'à terminer son article par le paragraphe suivant :  " Les activités de défense-sécurité comme les industries d'armement doivent relever de la souveraineté nationale et du domaine public, par la nationalisation lorsque c'est nécessaire. Elles doivent produire ce qui est utile à une défense nationale qui s'inscrive dans la nouvelle politique. L'importance relative de ces industries doit diminuer réellement au fur et à mesure des progrès du désarmement. L'emploi peut être conservé et développé dans des processus de reconversion et dans une économie de croissance. Le désarmement est possible dans une véritable alternative politique en France. " Autrement dit, si la croissance l'exige, on continuera, en France, de produire des armes dont on espère seulement qu'elles diminueront "au fur et à mesure des progrès du désarmement ".

Où est le changement de paradigme ? Si c'est là le tout de "l'action de la France de gauche", c'est un peu maigrelet ! Cette modeste contribution à un moins de dépenses et de production d'armes de mort est tout à fait conforme à la politique sans ambition que n'a cessé de développer le PCF dans ce domaine, sans doute pour avoir encore, en lui, les traces des éléments de doctrine qui datent du temps de la guerre froide et de son soutien à l'URSS !

Je soutiens, au contraire, que le changement de paradigme consisterait à avoir deux fers au feu : la proposition de mise en œuvre effective d'une convention internationale pour le désarmement nucléaire en s'appuyant sur le refus massif de la plupart des États de l'ONU, d'une part, et l'engagement de la France, unilatéralement, dans des processus d'abandon définitif de la dissuasion nucléaire, laquelle ne protège plus personne, d'autre part.


Qu'est-ce qu'une politique qui recommande aux autres États de faire ce que soit même on ne veut ni envisager ni engager ? On voit ce qu'il en est pour tenter d'interdire à l'Iran de se doter d'un armement nucléaire : pour l'empêcher de disposer de "la" Bombe, certains États sont prêts à... le bombarder. Sortir de cette logique infernale qui peut emporter l'humanité dans un drame indescriptible est une priorité absolue, comme l'a démontré, récemment, Günter Grass.

Les acteurs des luttes antinucléaires, au lieu de se disqualifier les uns les autres, feraient mieux de se reconnaître comme engagés ensemble dans une action complexe, de longue durée, où les fins et les moyens ont à être examinées simultanément.

Que ceux qui estiment que toute citoyenneté qui se respecte commence par elle-même continuent d'exiger que la France donne l'exemple et commence la première, comme peuvent le faire, dans leur île, les Britanniques qui, eux aussi, ont à sortir toute l'Europe de ce péril continental, dès lors que les armements nucléaires ne peuvent plus qu'attirer le terrorisme.

Que ceux qui veulent une négociation internationale, efficace et exigeante, qui conduise à l'abandon généralisé d'armements dont la prolifération ne peut conduire, tôt ou tard, qu'à un conflit sans précédent et d'une horreur sans égale, ne renoncent pas, sous prétexte que, jusqu'alors, l'impuissance et la médiocrité l'ont emporté dans toutes les conférences internationales !

Au moment où la France change de majorité, sans rien attendre d'un gouvernement enfermé dans des logiques militaires à peine entamées par le temps et l'histoire, les citoyens ont à crier leur volonté de "sauver leur peau" et celle de tous leurs frères en humanité ! Oui, il est question de désarmer unilatéralement, comme il est question de désarmer planétairement.  Le monde ne bougera pas sans la France. La France ne fera pas seule bouger le monde.


Jean-Pierre Dacheux


vendredi 11 mai 2012

Günter Grass, Israël, et la menace nucléaire

Ci-dessous, des extraits de l'article paru dans Le Monde, et d'où il ressort :
1 - Que les violentes critiques de Günter Grass ont été orchestrées.
2 - Que Günter Grass (84 ans) en a été très affecté.
3 - Que les critiques ont reculé devant les soutiens populaires en Allemagne.
4 - Que l'accusation d'antisémitisme de Günter Grass n'a pas tenu.
5 - Que la solidarité militaire de l'Allemagne avec Israël est avérée.
6 - Que la menace de guerre soulignée par Günter Grass est prise au sérieux.




Günter Grass et la question qui fâche.

" Il y a un mois, le 4 avril, l'écrivain Günter Grass publiait dans la Süddeutsche Zeitung un poème traduit dans Le Monde du 10 avril dans lequel le Prix Nobel de littérature critiquait l'attitude d'Israël Ce pays menacerait l'Iran de frappes préventives - mais aussi la paix mondiale. /.../

Cette prise de position provoque des réactions violentes, tant en Israël qu'en Allemagne. Même si certaines voix s'élèvent contre la décision d'Israël d'interdire à l'écrivain d'entrer sur son territoire, celui-ci fait, dans un premier temps, l'unanimité contre lui. Ancien membre des Waffen SS, l'écrivain révélerait ce qu'il n'aurait finalement jamais cessé d'être : un antisémite.

Puis le vent tourne. Lors des "marches pour la paix" qui ont lieu en Allemagne le week-end pascal, de nombreux manifestants apportent leur soutien à l'écrivain. Entre-temps, celui-ci reconnaît qu'il n'aurait pas dû critiquer Israël mais son gouvernement. Même s'il n'a jamais dédaigné la polémique, reste combatif et déclare qu'à part l'Allemagne de l'Est aucun pays ne lui a jamais interdit l'entrée sur son territoire, cet homme de 84 ans accuse le coup et est admis quelques jours dans un hôpital d'Hambourg.  /.../

Dans son numéro du 12 avril, Die Zeit pose la question en "une" : "Israël veut-il vraiment la guerre ?" A cette occasion, l'hebdomadaire revient sur une partie du texte de Grass peu commentée : le soutien de l'Allemagne à Israël. De par l'histoire, les deux pays entretiennent une relation particulière. S'il est un sujet qu'Angela Merkel aborde rarement sans émotion, c'est celui-là. Dans un discours prononcé au Parlement israélien, le 18 mars 2008, la chancelière va très loin : "La sécurité d'Israël fait partie de la raison d'Etat de mon pays." Qui attaque Israël attaque l'Allemagne. Cela signifie-t-il que l'Allemagne pourrait se  retrpuver entraînée dans une guerre par Israël ? "Günter Grass a mis la question sur la table comme un enfant mal élevé qui dit ce que les adultes s'interdisent d'exprimerau cours d'un repas de famille", résume Die Zeit. "

Texte signé par Frédéric Lemaître.

mardi 8 mai 2012

Fin du nucléaire : l'exemple japonais ?


Par Claude-Marie Vadrot - 5 mai 2012 
Sortie du nucléaire au Japon, un plan secret pour arrêter 20 réacteurs en France

Contraint et forcé, cédant aux pressions conjuguées des citoyens, des municipalités et des compagnies d?assurance qui ne veulent plus assumer le risque, le Japon est sorti vendredi du nucléaire. Plus un seul réacteur ne fonctionne tandis que ceux de Fukushima continuent à polluer la région, la contamination poursuivant son grignotage du pays. L?histoire et la pression de la population diront si cette sortie est définitive.

Une leçon pour les gouvernements et les citoyens qui hésitent encore. Même si le prix à payer, pour le Japon, est une augmentation des importations de gaz et de pétrole, voire, pour une petite part, du charbon. Mais la transition écologique implique deux choix qu?il faut regarder en face : d'une part puisque les pouvoirs en place ne veulent plus négocier sur ce sujet, il va falloir accepter ou affronter le risque climatique en attendant que soient mises au point les méthodes de capturer le CO2 ; et
d'autre part il est certain que pour inciter aux économies d'énergies, elles seront ou devront être de plus en plus chères quitte à prévoir des mécanismes pour protéger tous ceux, en France et ailleurs, qui pourraient se retrouver en état de précarité énergétique.

L'autre leçon de cette situation est que l'énergétivore Japon a réussi à ajouter en une seule année aux centrales le gisement des économies d'énergie. Sans allumer les bougies vantées par Nicolas Sarkozy, sans changer de mode de vie. Simplement « en éteignant les lumières inutiles » et en modifiant les méthodes de gestion et de production.

Et évidemment le pays frappé par la catastrophe nucléaire a lancé un plan sans précédent de développement du recours aux éoliennes et à l'énergie solaire. Un véritable pari industriel qui lance ce pays à la poursuite de la Chine dans ces domaines. Avec tout ce que cela comporte de créations d'emplois.

En France, dans le plus grand secret, sans que Nicolas Sarkozy et François Hollande en soient vraiment informés, EDF vient de finir la préparation d'un plan prévoyant la mise à l'arrêt avant la fin de la décennie, d'une vingtaine de réacteurs, dont ceux de Fessenheim, de Dampierre et de Civaux dans la Vienne. Tout simplement parce que les plus récentes études ont fait apparaître le coût pharamineux, des dizaines de milliards d'euros de la modification et de la mise aux normes de la plupart des 58 réacteurs en fonctionnement. 58...ce n'est que quatre de plus que le nombre de ceux qui viennent de « s'éteindre » au Japon.

La mise au point de de ce plan sera évidemment démentie, mais il existe et sera soumis dans les mois qui viennent, au gouvernement.
http://www.politis.fr/Sortie-du-nucleaire-au-Japon-un,18216.html
 


 

54 réacteurs sur 54 à l'arrêt au Japon

Jour historique pour le Japon : 

message d’espoir pour le monde


Ça y est, ce jour tant attendu par les Japonais est enfin arrivé : 5 mai 2012, tous les réacteurs nucléaires sont arrêtés ! Pour la première fois depuis 1970. Beaucoup ont célébré cette nuit au Japon.

japon-centrales-nucleaires
 
 
Avant le 11 mars 2011, 54 réacteurs étaient en service. 14 mois plus tard, ils sont tous à l’arrêt. Certains parce qu’ils ont subi des avaries sérieuses dues au tremblement de terre, d’autres parce qu’ils arrivent dans une phase normale de maintenance, d’autres enfin parce que la population s’y oppose.
 
Le traumatisme de la catastrophe de Fukushima est tellement grand que le peuple japonais fait désormais pression sur les autorités locales pour ne jamais revivre ce cauchemar.
 
Maintenir la pression est encore nécessaire pour que ce jour ne soit pas qu’un mirage. Car le gouvernement entend bien continuer à produire de l’électricité nucléaire. Il a d’ores et déjà donné son accord pour la reprise d’exploitation de plusieurs réacteurs. Un bras de fer va donc s’engager entre la population et l’industrie atomique.
 
Pourtant, le combat antinucléaire a déjà gagné. Cette journée est historique car le Japon vient de démontrer clairement qu’il était possible de se passer de cette énergie destructrice. Le monde entier est maintenant au courant : il n’est pas besoin de revenir à la bougie quand on arrête le nucléaire !
 
Les pays qui persistent à vouloir utiliser cette énergie ou qui se lancent aveuglément dans le nucléaire devront-ils attendre d’avoir leur propre catastrophe pour comprendre ?

http://fukushima.over-blog.fr/