À l'approche de l'anniversaire de la catastrophe de Fukushima, on s'aperçoit que non seulement rien n'est réglé mais que les conséquences sur le moyen terme s'alourdissent. L'irresponsabilité politique majeure consiste à n'en pas tenir compte !
Nous reprenons, ici, un article d'Agora Vox qui fourmille d'informations précieuses.
Fukushima, quand c’est fini, ça recommence
A presque un an de la catastrophe, alors que Tepco affirmait sans sourire que les réacteurs étaient « en état d’arrêt à froid »,
voila que brusquement le réacteur n°2, celui qui contient du mox, donc
du plutonium, refait parler de lui, dans l’indifférence irresponsable
des grands médias.
Affirmant tout d’abord qu’il y avait seulement un « défaut de
thermomètre », mais démontrant son propre mensonge en augmentant le
débit d’injection d’eau dans la cuve du
réacteur n°2,
Tepco accepte du bout des lèvres de dire qu’il y aurait quelques problèmes à Fukushima.
lien
On se souvient qu’en
novembre 2011, une première réaction de fission s’était produite sur ce même réacteur, évènement qui n’a pas soulevé beaucoup d’émotion.
lien
Depuis mars 2011, selon l’IRSN, les réacteurs accidentés de Fukushima Daiichi sont refroidis par des injections d’eau de l’ordre de 10 mètres cubes à l’heure, et Tepco avait annoncé en décembre dernier que la température des cuves était sous contrôle.
Affirmation à prendre avec quelques précautions.
Au-delà de l’eau injectée,
Tepco a aussi utilisé de l’acide borique, ce qui n’est pas une bonne nouvelle.
lien
Il est généralement utilisé pour éviter qu’une réaction en chaine ne se produise.
lien
Le premier ministre japonais
Yoshihiko Noda avait donc fait l’annonce optimiste de
« l’état d’arrêt à froid », affirmant sans rire : «
les réacteurs sont stables et la seconde phase du plan est achevée », et que du coup une reprise de la réaction de fission était écartée.
lien
L’ASN (autorité de sureté nucléaire) définit ainsi l’arrêt à froid : « la
situation d’un réacteur nucléaire à l’arrêt dans lequel l’état du
fluide de refroidissement se rapproche de celui qui correspond aux
conditions ambiantes de pression et de température ».
Or contre toute attente, ça chauffe grave à Fukushima, obligeant l’exploitant à augmenter l’injection d’eau, en la portant à 13 mètres cubes.
Plus grave, du
Xénon a été retrouvé dans l’enceinte de confinement du
réacteur n°2, ce qui signifie qu’une réaction en chaîne incontrôlable a eu lieu, et qu’elle est peut-être encore en cours en ce moment.
lien
Il faut savoir que les
xénons 133 et
135 se créent lorsqu’il y a fission nucléaire de l’
uranium.
lien
Malgré tous les efforts de l’exploitant, la température continue de monter, et voisinerait les
300°C, ce qui fait craindre aux travailleurs sur place la possibilité d’une explosion.
lien
Cela expliquerait l’augmentation constatée de la radioactivité sur le site, passant de
4,45 Mbq/km2 à
98,2 Mbq/km2 pour le
césium 134, le
césium 137 passant de
6,46 Mbq/km2 à
139 Mbq/km2.
lien
Alors qu’à Tchernobyl, suite aux différentes interventions,
la situation reste relativement stable, grâce au sacrifice de quelques
dizaines de milliers de travailleurs sur l’autel du sacro-saint
nucléaire, à Fukushima, rien n’est réglé.
Bien au contraire.
Les alertes se multiplient, et selon la NSC (commission de
sécurité nucléaire japonaise), on assiste actuellement à une
distribution massive de pastille d’iode, afin de contrer une nouvelle
pollution radioactive.
Ces pilules, en saturant la thyroïde, empêchent provisoirement la
radioactivité de se fixer dans l’organisme des japonais en danger.
Et puis le danger ne se limite pas au réacteur n°2, elle s’étend au N°3, car celui-ci vient de montrer des signes inquiétants d’activité.
Le
7 février 2012, un panache de fumée s’est élevé au dessus du réacteur détruit.
lien et
lien
A l’évidence, il ne s’agit pas d’un feu de broussailles, ou de quelques japonais décidés à organiser un barbecue improvisé.
En attendant, c’est officiellement que
573 personnes sont décédées suite à la catastrophe survenue dans la centrale de Fukushima.
lien
Sur ce
lien, la caméra qui filme en continu les réacteurs endommagés de
Fukushima.
Sur
Encyclo, le
11 mars, la réalisatrice
Marie Linton proposera un reportage inédit
« Fukushima : retour en zone rouge ».
lien
Récemment quelques élus français ont pu se rendre au Japon pour
constater la gravité de la situation, regrettant qu’ils n’aient pas été
très nombreux à répondre à l’appel, tant ce voyage était instructif.
lien
L’adjoint au maire de Chinon, Yves Dauge, était du voyage et a déclaré : « tout
ce qui nous a été dit me perturbe beaucoup. A l’avenir, qui va vouloir
s »’installer ici ? Quelle entreprise va vouloir investir ? »
En attendant, au Japon, les pertes financières s’accumulent, et récemment, malgré le soutien massif de l’Etat, lequel a avancé 90% du montant, sans la moindre garantie d’un éventuel remboursement, Tepco a admis une perte de plus de 6 milliards d’euros pour les 3 derniers trimestres de son exercice.
Cette somme, pour importante qu’elle paraisse, n’est qu’une maigre partie des sommes qu’il faudra débourser.
Aujourd’hui encore, au-delà des 100 000 habitants évacués dans le périmètre, largement insuffisant des 20 km autour du site, Tepco évalue à 1,5 million le nombre de japonais qui devront être indemnisés.
Un panel d’expert à évalué à
44 milliards la facture totale nécessaire au dédommagement suite à la catastrophe nucléaire.
lien
Tepco envisage de dépenser 10 milliards d’euros pour démanteler un jour les réacteurs hors service, mais l’expérience française, avec le démantèlement de « super » phénix, prouve que ce chiffre sera largement sous évalué.
C’est d’ailleurs une lapalissade, outre les dommages subis, les
pertes de territoire, les maladies et les morts imputables au nucléaire,
la facture du démantèlement est totalement à revoir.
En 2005, la cour des comptes avait estimé le démantèlement de la centrale de Brennilis à 480 millions d’euros. Aujourd’hui on parle en milliards.
Prudemment
EDF aurait provisionné
2 milliards d’euros pour la déconstruction des
58 réacteurs français.
lien
Or le site de «
super » phénix estimé pour son démantèlement à
900 millions d’euros, en coutera
10 ou 11 milliards, soit plus de
10 fois plus que prévu (
lien) et du coup, les
2 milliards prévus pour le démantèlement de tout le parc français paraissent un peu étriqué.
Récemment, la députée européenne
Michelle Rivasi, avait estimé le cout de la catastrophe japonaise entre
100 et 500 milliards d’euros (
lien) et
Tchernobyl, en fin de compte en coutera autant.
Aujourd’hui, entre le prix du kilowatt éolien et celui du nucléaire,
il n’y a pas photo : celui du nucléaire étant largement sous évalué,
ils sont aujourd’hui tous les deux au même niveau, sauf que, comme le
fait remarquer
Michelle Rivasi : «
à 80 € le MWh,
l’électricité produite par l’EPR coûterait le même prix que l’éolien
aujourd’hui, mais à choisir, je préfère qu’un avion s’écrase sur une
éolienne que sur une centrale nucléaire ».
lien
Et si on ajoute à l’équation le prix du démantèlement et celui,
hypothétique, du traitement des déchets, il n’est pas difficile de
choisir, d’autant que nous sommes dépendants de l’uranium, alors que le
vent n’a pas besoin d’être importé.
lien
Mais le président actuel du navire « France », droit dans ses petites bottes, continue d’affirmer son soutien au nucléaire français.
A
Fessenheim, il s’est félicité des
700 contrôles annuels de l’
ASN,
assurant que ceux-ci étaient en toute impartialité et transparence,
sauf qu’il a refusé que des experts indépendants puissent faire ces
visites, (
lien) et qu’à tout prendre,
700 contrôles c’est finalement peu, puisque ça ne fait jamais qu’un contrôle mensuel par réacteur.
Avec un peu de recul, on peut aussi s’interroger sur les 750 incidents annuels que nous avons annuellement.
La longue liste des divers accidents ou incidents survenus en
France est sur ce
lien.
Récemment, la centrale nucléaire de
Civaux à connu quelques déboires avec sa tuyauterie (
lien) et le
1 février 2012, l’
ASN a produit un rapport accablant sur cette installation suite à une fuite de
tritium constatée dans la nappe phréatique située sous la centrale.
lien
On peut aussi se rappeler qu’en
40 ans notre planète a connu
5 accidents majeurs :
Three Miles Island, Tchernobyl, et les
3 réacteurs de
Fukushima, soit un accident pour
3600 « années réacteurs » comme l’explique le
Docteur Bruno Bourgeon, alors qu’on tablait sur
1 pour
100 000.
lien
Le
11 mars prochain, à partir de
13h30 les opposants aux nucléaire venus des
4 coins du pays, et d’ailleurs, vont organiser la plus grande chaine humaine jamais organisée en
France. Elle ira d’
Avignon à
Lyon et pour y participer c’est sur ce
lien.
Il est probable que l’autocrate président n’y participera pas, mais on risque au moins d’y trouver
Eva Joly.
lien
Quant à
Sarközy, il s’est rendu à
Bourgoin Jallieu, jouant le«
pyromane pompier », responsable de la faillite de la filière photovoltaïque, et allant plastronner, en compagnie du patron d’
EDF, le
13 février 2012, voulant apparaitre comme le sauveur de
Photowatt alors qu’il en est le prédateur.
lien
Comme me suggère mon vieil ami africain : « le chien a beau avoir quatre pattes, il ne peut emprunter deux chemins à la fois ».
L’image illustrant l’article provient de « leblogalupus.com »
Olivier Cabanel