dimanche 19 février 2012

Jeremy Rifkin enterre le nucléaire

 Extrait de l'article paru dans le quotidien Libération, rubrique Rebonds, le 16 février 2012, p.20.
Le nucléaire a-t-il encore un avenir ?
Aux antipodes de cette production partagée, l’atome est une énergie centralisée par essence qui cumule bien trop de handicaps pour représenter une alternative. Il n’a jamais été propre à cause de ses déchets radioactifs et reste une petite source d’énergie à l’échelle mondiale. 400 centrales fournissent 6% de l’énergie dans le monde et, pour passer à 20% – le seuil minimal pour avoir un impact sur le réchauffement -, il faudrait construire trois centrales par semaine d’ici à 2031 ! C’est techniquement impossible et inconcevable politiquement depuis Fukushima.
Quel est le lien entre la difficulté de la France à rentrer dans cette nouvelle ère et la place qu’y occupe le nucléaire ?
Le nucléaire incarne le vieux modèle industriel centralisé et le retard de la France est largement lié à sa prégnance culturelle sur vos élites. C’est très différent avec l’Allemagne dont le système fédéral est déjà en soi un pouvoir distribué et partagé. Votre modèle centralisé qui était un atout hier est devenu un handicap. Mais je ne veux pas croire que la patrie de Jean Monnet, qui a insufflé la vision d’une Europe politique sans laquelle le paquet «énergie – climat» de 2008 par exemple n’aurait jamais vu le jour, ne peut pas réussir cette transition autant culturelle qu’énergétique.

Jeremy Rifkin : « Le nucléaire est mort »


(Crédit photo : Heinrich Böll Stiftung)

lundi 13 février 2012

Il y a 52 ans... Triste anniversaire !

 
Association Moruroa e tatou
Siège : 563 Boulevard Pomare
Papeete Tahiti
Site internet : www.moruroaetatou.com

Papeete le 12 février 2012

COMMUNIQUE
Le 13 février 1960, la France faisait exploser
sa première bombe atomique au Sahara

Il y a cinquante et un an, le 13 février 1960, la France faisait exploser sa première bombe atomique, Gerboise bleue, dans le ciel de Reggane, en plein Sahara. Le « Hourra pour la France » du général de Gaulle reste pourtant un bien triste souvenir pour la population de cette petite ville du désert. Les médecins de l’hôpital s’inquiètent de la recrudescence des cancers et notamment des cancers de la thyroïde et de la peau qu’ils soignent tant bien que mal avec leurs faibles moyens. En effet, les familles sahariennes ont beaucoup de réticence à laisser partir leurs malades à quelques milliers de kilomètres dans les hôpitaux d’Alger. Alors ils souffrent et disparaissent en silence.

Il y a deux ans, des membres de Moruroa e tatou ont pu échanger avec les représentants de l’association « 13 février 1960 » de Reggane à l’occasion déplacements à Alger et ils ont visité les anciens sites d’essais français au Sahara. L’inquiétude est grande pour les conséquences sanitaires des 4 bombes aériennes qui ont explosé en 1960 et 1961 à quelques 40 km de leur petit oasis : les habitants n’avaient ni abris ni blockhaus pour se protéger, pas plus, d’ailleurs, que les soldats français de la base de soutien aux essais nucléaires. Ils n’avaient que leurs bras pour protéger leurs yeux et que leurs seuls vêtements en guise de tenue de protection contre les radiations.
La zone des points zéro de ces bombes reste jonchée de ferrailles tordues et de sable noirci et vitrifié par la chaleur de la bombe. Ces lieux restent très contaminés et pourtant, ils sont restés libres d’accès pendant un demi-siècle… Les nomades et les habitants de Reggane et des oasis voisins, ignorant tout du danger, ont récupéré tout ce qu’ils ont pu sur ces lieux stupéfiants de beauté et pourtant imprégnés de poisons mortels.

Des archives à ce jour inconnues et des investigations récentes ajoutent leurs images d’horreur à ces sinistres expériences atomiques réalisées en pleine période de la guerre d’Algérie. Une avocate de renom du barreau d’Alger a fait réaliser des expertises sur des photos de « mannequins » qui, selon les Français, avaient été exposés autour du point zéro de l’explosion. Après échange avec le ministère de la défense de la France, l’avocate conclut que ces pseudo mannequins étaient en fait des corps humains, vraisemblablement ceux de prisonniers du FLN, envoyés au Sahara à cette même période et dont elle n’a pu retrouver aucune trace. Est-on devant un crime de guerre ? (voir pièce jointe).

Moruroa e tatou se joint aux associations et aux victimes algériennes des essais nucléaires français pour partager leur tristesse et leur revendication commune pour la vérité et la justice sur ces expériences qui ont porté de si graves atteintes tant à leur santé qu’à leur environnement.


dimanche 5 février 2012

Et si l'on commençait par la France !


Article paru dans La Croix, le 3/2/12.


«Global zero» propose une relance du désarmement nucléaire

Après la récente entrée en vigueur du nouveau traité START, le mouvement appelle les États-Unis et la Russie à engager de nouvelles négociations début 2013.
Objectif :  réduire leur arsenal nucléaire respectif à 1 000 têtes nucléaires chacun et retirer les armes nucléaires tactiques américaines et russes des bases de combat européennes

  «Global Zero», le mouvement international pour l’élimination des armes nucléaires lancé en 2007, propose le retrait des armes nucléaires tactiques américaines et russes des bases de combat européennes dans le cadre d’un nouvel accord bilatéral entre les États-Unis et la Russie portant sur toutes les catégories d’armes nucléaires, sans exception. 
Dans un rapport rendu public aujourd’hui dans le cadre de la 48e  Conférence sur la sécurité de Munich, la commission « Global Zero » Otan-Russie affirme que cette approche permettrait de sortir de l’impasse actuelle sur le retrait total des armes nucléaires tactiques américaines basées en Europe en offrant à chaque partie la possibilité de répartir ses dispositifs stratégiques et tactiques dans les proportions de son choix. 
Les États-Unis et la Russie rapatrieraient leurs armes nucléaires tactiques dans des installations de stockage aux États-Unis et en Russie, tout en réduisant leurs arsenaux stratégiques à 1000 têtes nucléaires chacun. Cette première étape franchie, les conditions favorables seraient réunies pour amener la Chine et les autres pays disposant de l’arme nucléaire à la table de négociations multilatérales sur la réduction des armes nucléaires.



De quoi s’agit-il ? 

Les États-Unis disposent actuellement de 500 bombes tactiques (à courte portée) :  environ 200 bombes à gravité B-61, largables d’avion, stockées dans les installations souterraines de six bases aériennes situées dans cinq pays différents (Pays-Bas, Belgique, Italie, Turquie, Allemagne) et 300 armes supplémentaires stockées sur le territoire américain. La Russie disposerait aujourd’hui de 2000 à 4000 armes tactiques, voire 5 500 en incluant l’arsenal inactif (fusées sol-sol, missiles air-sol et bombes à gravitation). Les deux tiers sont stockés dans l’ouest du pays dont une partie importante à proximité des pays d’Europe centrale, d’Europe de l’Est, des pays baltes et de la Norvège.

Du côté de l’Otan, le consensus n’existe pas en faveur d’un retrait total des armes nucléaires tactiques américaines basées en Europe, même si elles ont considérées comme obsolètes. Des États membres souhaitent leur retrait (l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas, soutenus par le Danemark, le Luxembourg et la Norvège), d’autres (la Pologne et la Hongrie, les pays baltes et la France soutenus par la Turquie, l’Italie et le Royaume-Uni) plaident pour leur maintien en Europe car ils estiment qu’elles servent leurs intérêts de sécurité en les mettant à l’abri des intimidations de la Russie (ou de l’Iran, pour la Turquie). 

La France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis sont opposés à un retrait unilatéral. Pour la Russie, les armes nucléaires, et notamment les armes tactiques, conservent leur importance comme facteur de dissuasion permettant de compenser son infériorité dans le domaine des armes conventionnelles.


Les auteurs du rapport

Les auteurs, une brochette de quatorze anciens diplomates, hauts gradés militaires et responsables politiques dont quatre américains, cinq russes, deux allemands, un britannique, un turc et un français (le général Bernard Norlain)-, se veulent réalistes. Pour eux, le fait d’intégrer les armes nucléaires tactiques basés en Europe à un accord nucléaire bilatéral global entre les Etats-Unis et la Russie servirait les intérêts de l’Otan comme ceux de la Russie en réduisant les risques et les dépenses impliquées par leur déploiement. 

Les négociations entre les États-Unis et la Russie s’engageraient début 2013, une fois passées les échéances des élections présidentielles russe et américaine et après le sommet de l’Otan à Chicago, en mai 2012. Et pour faciliter leur ouverture, des avancées seront nécessaires sur la question de la coopération entre l’Otan et la Russie concernant la défense anti-missile et sur l’application du Traité sur les Forces conventionnelles en Europe. 

François d’Alançon 
 

Communiqué par le DRPC (Centre Documentation Recherche sur la Paix et les Conflits)

187 chemin de Choulans
69005 Lyon
  • Tel. : 04.78.36.93.03
  • Fax : 04.78.36.36.83
http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/Global-zero-propose-une-relance-du-desarmement-nucleaire-_NG_-2012-02-03-765235