« Avant »,
« ou », « et », « d'abord ».
Désarmement
nucléaire unilatéral de la France, désarmement nucléaire total,
les deux options sont actuellement, l'une comme l'autre, hors de
portée. Tout doit donc passer par l'opinion publique, c'est-à-dire
l'action politique.
Doit-on
parler de désarmement nucléaire unilatéral de la France avant
de parler de désarmement
nucléaire total ? Tout
dépend de ce à quoi l'on pense si on l'affirme ! S'il s'agit du
point de vue où se place un Français qui s'occupe, avant tout, de
ce qui le regarde, cela va de soi. S'il s'agit de considérer quelle
est la priorité d'une option par rapport à l'autre, dans
l'importance des engagements, alors il devient erroné d'établir une
hiérarchie, qui ne sera pas la même d'un État à l'autre, et qui
ne saurait convaincre la totalité des acteurs de la lutte
anti-nucléaire, même en France.
Doit-on
parler de désarmement nucléaire unilatéral de la France ou
parler de désarmement
nucléaire total ? Cela
n'a pas grand sens pour un Français qui ne peut, pour agir, ni
attendre le renoncement du gouvernement français à la dissuasion, ni
compter sur la seule hypothèse d'une signature d'une Convention
internationale !
Doit-on
parler de désarmement nucléaire unilatéral de la France et
parler de désarmement nucléaire total ? Non
seulement l'un va dans l'autre, mais nul ne sait quel événement
pèsera le plus sur la décision politique conduisant, un jour, à
l'engagement unilatéral de la France ou/et à son approbation d'une
Convention internationale ! C'est pourquoi la troisième hypothèse,
(celle du « et ») est la moins imparfaite.
Des données qui parlent d'elles-mêmes : la répartition des ogives nucléaires.
La France est directement concernée mais pas toute seule !
À cela s'ajoute plusieurs
considérations de bon sens :
• On pèse d'autant plus
sur l'opinion publique qu'on est plus nombreux à exprimer la même
revendication : abandonner la dissuasion qui n'a plus aucune
justification des points de vue militaire, technique, financier et
moral. Certains, dont je suis, pensent que jamais il n'y eut de
telles justifications, mais c'est toute l'opinion qu'il faut
« embarquer » à partir de l'examen actualisé de la
situation internationale tout entière.
• On ne peut -hélas!-
exclure l'hypothèse d'un accident nucléaire majeur, d'ordre civil
ou militaire, ou même d'un conflit qui conduirait les États
concernés, y compris contre leur gré, à accepter ce
qu'actuellement ils refusent : un accord devenu général sous
l'égide de l'ONU.
• Agir, dans chaque État,
dans l'État où l'on vit, doté ou non d'armes nucléaires, pour
pousser au renoncement à ces armes, est une urgence citoyenne et
planétaire qui élimine l'hypothèse de s'en tenir seulement à
une action nationale. ( Les peuples des États non dotés ne sont-ils pas concernés, eux aussi,
et n'ont-ils rien à dire ? )
• On ne peut préjuger que
le désarmement nucléaire unilatéral de la France serait plus
efficace et plus vite obtenu qu'un désarmement nucléaire total, ni
l'inverse ! Chacun peut fournir son pronostic, mais rien n'est
sûr. Rien n'est donc irréaliste ou réaliste (convaincre l'État
français ou faire peser la majorité des États du monde sur la
décision, via l'ONU). Il faut pourtant agir car le risque croît.
Je maintiens donc qu'il ne
faut pas opposer ou risquer d'opposer ceux qui veulent, et l'un et
l'autre, des désarmements nucléaires, unilatéral en France, et
général partout ailleurs, dans chaque pays ainsi que dans les instances internationales officielles ou non.
Désarmement nucléaire
unilatéral de la France d'abord, pour nous
Français, certes oui, mais désarmement nucléaire unilatéral de la
France, seul exigé, non !
Désarmement
nucléaire unilatéral de la France et désarmement nucléaire total sont comme l'endroit et l'envers d'une même médaille, pour nous citoyens français.
Jean-Pierre
Dacheux