Dans une
zone interdite, près de Fukushima, 18 mois après la catastrophe, on
cherche encore des corps. (AFP)
La fin du nucléaire civil ne se décrète pas ; elle se prépare. C'est long et difficile. Le Japon s'y engage à son tour. C'est une décision considérable.
Dix-huit mois après l’accident de Fukushima, le Japon confirme qu’il veut sortir définitivement du nucléaire. Une décision attendue, mais historique.
Le gouvernement japonais a annoncé vendredi l’arrêt progressif de
la production nucléaire sur 30 ans, dix-huit mois après l’accident de
Fukushima qui a provoqué une catastrophe sans précédent dans le monde
depuis Tchernobyl il y a 25 ans.
Le Japon devient ainsi le
troisième pays, après l’Allemagne et la Suisse, à faire part de son
intention de stopper ses réacteurs depuis l’accident du 11 mars 2011 à
Fukushima Daiichi (220 km au nord-est de Tokyo).
«Le gouvernement
va instaurer toutes les mesures possibles pour amener la production
nucléaire à zéro pendant les années 2030», a énoncé le gouvernement dans
un document consacré au nouveau plan énergétique à établir pour tirer
les conséquences de la catastrophe.
Il a édicté trois principes
pour parvenir à cet objectif: ne plus construire de centrale nucléaire,
arrêter les réacteurs existants après 40 ans d’activité et enfin
n’accepter le redémarrage des tranches suspendues qu’après des examens
de sécurité menés par une autorité ad hoc.
Avant l’accident, la
production nucléaire représentait près de 30% de la consommation
d’électricité et les autorités prévoyaient d’augmenter cette part à 53%
d’ici à 2030.
Mais cette catastrophe qui a poussé une centaine de
milliers d’habitants à fuir leur domicile, souvent sans perspective
claire de retour, a complètement modifié la donne.
Le sentiment
anti-nucléaire a fortement augmenté parmi la population et des
manifestations sont régulièrement organisées contre l’exploitation de
l’atome.
La production nucléaire a fortement baissé depuis
l’accident et seuls 2 des 50 réacteurs sont actuellement en activité,
dans le centre du Japon. Les 48 autres sont arrêtés, soit à cause d’un
séisme soit en raison des mesures de sécurité supplémentaires exigées
par les autorités après l’accident.
Mais les compagnies
d’électricité, soutenues par une bonne partie des milieux d’affaires,
réclament à cor et à cris de pouvoir redémarrer des tranches arrêtées.
Elles
doivent en effet faire tourner leurs centrales thermiques à plein
régime pour compenser le manque énergétique et doivent donc importer
massivement des hydrocarbures, ce qui a plongé la balance commerciale
dans le rouge.
Les autorités risquent donc de faire face à d’importantes oppositions avant de parvenir à l’objectif qu’elles viennent de fixer.
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/0b2dda06-fe46-11e1-b34c-0d2403d05a02/Le_Japon_annonce_sa_sortie_du_nucl%C3%A9aire_pour_les_ann%C3%A9es_2030
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