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“Rapport de la Cour des Comptes : le nucléaire a mangé son pain blanc”.
par Baupin Denis
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La Cour des Comptes a rendu public un rapport sur les coûts du nucléaire qui fera date.
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1) Il fera date car il met en pièce le mythe du nucléaire bon marché. D’ores et déjà, les chiffres accumulés par la Cour sont sans appel : depuis des décennies, on a menti sur le coût réel du nucléaire.
Celui-ci se trouve au minimum (et malgré les inconnues rappelées
ci-dessous) à 20% plus cher que les évaluations précédentes. Et cela
même si, de l’aveu même de la Cour, les coûts faramineux de la recherche nucléaire n’ont pas été intégrés dans ce surcoût.
2) Il fera date car il confirme le coût faramineux du nucléaire futur.
Même si les chiffres du nucléaire passé ont été sous-évalués, il est
clair aujourd’hui que le nucléaire a mangé son pain blanc. Dorénavant,
qu’on choisisse de prolonger la durée de vie des réacteurs existants (en
les sécurisant suite à Fukushima et en tentant de les faire tenir 10 à
20 ans de plus), ou qu’on choisisse de construire des EPR pour les
remplacer, le coût du kWh produit sera près de deux fois plus élevés que le prix artificiel actuel.
3) Mais ce rapport fera aussi date en
démontrant que sur de nombreux sujets cruciaux, même la Cour des Comptes
ne sait pas chiffrer le coût réel du nucléaire. Qu’on en juge : qu’il
s’agisse du coût des travaux de sécurité post-Fukushima (dont il faut
rappeler qu’ils n’intègrent même pas la sécurité anti agression
terroriste), du coût du démantèlement, du coût de la gestion des
déchets, du coût de l’assurance en cas d’accident majeur en France… la
Cour des Comptes reconnaît son incapacité à chiffrer et est obligée de
s’en tenir à des hypothèses vagues.
Journaliste Société Planète
Dans son rapport sur le coût de la filière nucléaire, la Cour des comptes souligne notamment le poids croissant des frais de maintenance.
La Cour des comptes a rendu public le 31 janvier
son rapport sur le coût de la filière électronucléaire.
(c) Afp
Dans un rapport très attendu rendu public mardi 31 janvier, la Cour
des comptes met à plat les coûts de production de l’électricité
nucléaire, qu’il s’agisse des dépenses d’investissement passées, des
dépenses courantes (charges d’exploitation) ou des dépenses futures
(démantèlement et gestion des combustibles et des déchets).
Ce rapport de près de 400 pages a été commandé par le Premier
ministre le 17 mai 2011, quelques semaines après la catastrophe de
Fukushima. Les chiffres ainsi posés doivent faire office de "boîte à
outil" pour alimenter le débat sur le nucléaire, de façon dépassionnée.
Principales conclusions.
- Le développement de la filière nucléaire a demandé de lourds investissements
- Les investissements publics et privés réalisés depuis les
années 1970 dans l’électricité nucléaire en France s’élèvent selon la
Cour des comptes à 228 milliards d'euros.
Cette somme comprend le montant de la construction des installations
nécessaires à la production d'électricité nucléaire : 121 milliards
d'euros (hors coût de Superphénix), dont 96 milliards pour la seule
construction des 58 réacteurs, dont les plus anciens (Fessenheim 1 et 2)
sont entrés en service en 1978.
Il comprend aussi les dépenses de recherche publique et privées
depuis les années 1950, évaluées à 55 milliards d’euros, soit environ un
milliard par an.
De plus, la production du Mégawattheure se révèle plus coûteuse qu'annoncé.
Alors que le prix de la production de l’énergie nucléaire avait été
évalué à 33,1 euros par la Commission Champsaur, la Cour des comptes
propose de le réévaluer à hauteur de 49,5 euros.
Le coût de production par l’EPR de Flamanville pourrait pour sa part
être compris "au minimum, entre 70 et 90 euros par MWh". Tout en sachant
qu’il ne s’agit pas du coût de l’EPR "de série", qui reste très
incertain et empêche ainsi la Cour de "donner et valider un calcul du
coût de production d’un parc d’EPR".
Les coûts futurs de la filière sont appelés à grimper
Principale cause : l'évolution des dépenses de
maintenance des installations, dont le montant annuel moyen devrait au
minimum doubler sur la période 2011-2025 par rapport à 2010. Ils
devraient s'élever à 3,7 milliards par an en moyenne entre 2011 et 2025,
soit plus du double des montants dépensés entre 2008 et 2010.
Pour le reste, il existe de nombreuses incertitudes, aussi
bien en matière de coût du démantèlement des installations nucléaires
que de gestion à long terme des déchets radioactifs, par manque
d'expérience et parce que certains choix ne sont pas encore arrêtés.
En ce qui concerne le démantèlement par exemple, les dépenses de fin
de vie des 19 centrales sont estimées aujourd’hui à 18,4 millions
d’euros mais la Cour des comptes précise dans sa synthèse :
Les devis ont très généralement tendance à augmenter quand les opérations se précisent, d’autant plus que les comparaisons internationales donnent des résultats très généralement supérieurs aux estimations d’EDF. "
En ce qui concerne la gestion des déchets radioactifs, la Cour des
comptes pointe un écart notable entre le chiffrage d’EDF, 23 milliards
d’euros actuellement, et celui de l’ANDRA (Agence nationale pour la
gestion des déchets radioactifs), 36 milliards d’euros. Ces coûts ne
devaient toutefois pas représenter plus de 5% des coûts de fin de vie.
Autre incertitude : la Cour a prévenu que le non-prolongement des
réacteurs d'EDF au-delà de 40 ans nécessiterait "un effort très
considérable d'investissement équivalent à la construction de 11 EPR
d'ici 2022", ce qui lui parait "très peu probable, voire impossible".
Elle ne s’avance pas pour autant sur des scénarios de mix-énergétiques.
Les provisions d’EDF sont opaques
Les provisions d’EDF sont sous-évaluées et opaques. Sur un total de
27,8 milliards d'euros de provisions pour opérations de fin de cycle
devant être couvertes par des actifs dédiés, 18,2 milliards d'euros
étaient couverts par des titres financiers côtés, au 31 décembre 2010,
2,7 milliards d'euros n’étaient pas censés être couverts à cette date et
6,9 milliards d'euros étaient constitués de couvertures croisées entre
opérateurs du domaine nucléaire, y compris l’Etat. Un montage qui mérite
d'être clarifié.