jeudi 26 décembre 2013

La gestion du nucléaire est incompatible avec la démocratie

Voila ce qui attend les "démocraties" :

les citoyens ne peuvent tout savoir ;

 c'est trop dangereux pour les pouvoirs.

On ne peut que contribuer à la diffusion de telles informations !

La loi du secret, adoptée dernièrement par le Parlement japonais, donne au gouvernement carte blanche pour désigner des secrets d’État et restreindre l’information sur tout sujet à sa convenance. Les blogueurs et les journalistes indépendants diffusant des informations sur Fukushima vont-ils subir des pressions dans un avenir proche ?

Saul Takahashi, avocat japonais spécialisé dans les droits de l’homme, expose dans cet article ses inquiétudes face à la montée en puissance de pratiques qui rappellent des années sombres.



La répression du « secret » dans l’après-Fukushima au Japon


Saul Takahashi

Le 10 décembre 2013
Titre original : « Japan's post-Fukushima 'secrecy' clampdown »
Source en anglais : The Ecologist
Traduction : Javale Gola
Source : Groupe Facebook Fukushima Information
La possibilité de désigner toutes sortes d’informations « au secret » est quasi infinie.

La nouvelle loi japonaise du secret est un nouveau signe de la montée du militarisme dans le pays, car elle élargit le pouvoir du gouvernement en lui donnant la capacité de qualifier des secrets d’Etat, tandis que la belligérance est en progression dans la région. Faut-il encore et toujours le répéter, le peuple du Japon est bien obligé de constater une fois de plus combien le gouvernement peut être dissimulateur et arbitraire suite à la catastrophe de Fukushima. En raison des lenteurs du gouvernement et de sa répugnance à divulguer les informations, les gens sont restés exposés à de fortes doses de radioactivité durant plus d’un mois après la fusion, avec des conséquences sur la santé potentiellement graves.  Il est clair à présent que l’aile du gouvernement la plus à droite qu’on ait vue depuis des décennies, a fait passer en force au Parlement un projet de loi pour classifier « des secrets spéciaux », qui donne essentiellement carte blanche à l’exécutif pour censurer les informations à très grande échelle, ce qu’on n’avait plus revu depuis l’époque militariste qui avait conduit à la Seconde Guerre mondiale et qui s’était prolongée tout au long de cette période.

Cette loi, connue sous l’appellation de Loi des Secrets Désignés, est passée en force à la Chambre basse suffisamment puissante le 26 novembre, puis elle a été votée à la Chambre haute le 6 décembre dans la même précipitation. Elle donne à l’exécutif le pouvoir sans restriction de désigner une large gamme d’informations comme des secrets de la Nation. Il n’y a pas de contre-pouvoir efficace d’aucun organisme indépendant, ni vraiment le moyen de s’assurer que l’exécutif n’exerce aucun abus de pouvoir. C’est une indication des plus sommaires sur les renseignements désignés secrets, qui sera divulguée au public. Ce projet de loi violerait le droit du droit des populations d’avoir accès à l’information, punirait sévèrement les lanceurs d’alerte, porterait atteinte à la liberté de la presse et aurait des effets dissuasifs à l’égard des organisations de la société civile et des actions des citoyens engagés.

Le gouvernement a répété de façon litanique : la loi est nécessaire, parce que le Japon est « un paradis pour les espions » en raison de l’absence d’une infrastructure légale pour l’espionnage et les secrets d’état. On voudrait faire croire à la population que le gouvernement n’a pas le pouvoir de préserver la confidentialité des renseignements et que Tokyo serait rempli d’agents de l’étranger qui s’empareraient en toute licence de secrets sensibles. Rien n’est moins vrai – le gouvernement désigne déjà une vaste gamme d’informations comme confidentielles – 410 000 pièces d’informations ont été désignées comme telles depuis qu’une politique gouvernementale de balayage a été mise en œuvre à cet effet en 2009. En outre, en réponse à une question posée au Parlement, le Premier Ministre Abe a reconnu que le gouvernement a été informé de 5 cas de « fuites d’informations importantes de la part de fonctionnaires » au cours des 15 dernières années. 5 cas en 15 ans peuvent difficilement constituer « un paradis ».

La vérité, et le gouvernement lui-même l’a reconnu, c’est que cette loi est intrinsèquement liée à une autre loi adoptée par le Parlement en novembre, établissant un Conseil National de la Sécurité qui ressemble beaucoup à l’organisme américain du même nom. En fait, la loi des secrets stipule précisément le partage de secrets désignés avec des gouvernements étrangers, apparemment plus dignes de confiance que le peuple-même du Japon.


Une infraction constitutionnelle.

Quatre catégories d’informations répertoriées dans le projet de loi pourraient potentiellement être concernées par le secret : la défense, la diplomatie, « les activités désignées comme dangereuses » et la prévention du terrorisme, mais elles sont dénommées par une formulation extrêmement large. C’est ainsi que toute information liée à la défense pourrait qualifier aussi bien « toute information importante relative à la sécurité » dans le domaine des relations internationales, que toute information relative à la lutte officielle contre le terrorisme, ou encore toute information relative « aux activités potentiellement nuisibles à la sécurité nationale ». La possibilité de verser des informations spécifiques au « secret » est en définitive sans limitation aucune. Bien que l’amendement au projet stipule une durée de principe de 60 ans (ce qui est en soi déjà extrêmement long) il y a par ailleurs des catégories d’informations qu’on peut désigner au secret sans durée limite – ce qui revient au même.

Le rôle du Parlement est extrêmement limité,  à tel point qu’il sera probablement vide de sens.

Le projet stipule que dans l’application de la loi, le gouvernement devrait « entièrement tenir compte » des rapports de presse « qui ont pour but de garantir le droit des gens à l’information ».  Ces dispositions sont à tout le moins « vagues » et semblent laisser au gouvernement une marge de manœuvre pour apprécier quel rapport « a pour but de garantir » ce droit. Mais les sanctions pour la révélation de secrets sont sévères – jusqu’à dix ans d’emprisonnement pour les fonctionnaires ou les sous-traitants livrant des secrets. Les personnes obtenant illégalement communication de secrets sont également sujettes à des peines de plus de dix ans d’emprisonnement, et celles qui « inciteraient » à leur révélation sont passibles de peines allant jusqu’à 5 ans d’emprisonnement. On serait aussi passible d’emprisonnement pour avoir révélé des secrets par négligence, de même qu’en cas d’«incitation » ou de conspiration dans l’intention d’en révéler.

Il est important de souligner que la liberté d’information est non seulement un élément capital de la liberté d’expression, mais aussi un droit de l’homme fondamental inscrit dans la Constitution japonaise. L’Article 21  stipule que « la liberté[…] de parole, celle de la presse ainsi que toutes les autres formes d’expression sont garanties », et cet article, en conformité avec les développements du droit international, a été interprété par les tribunaux japonais de façon à inclure le droit d’accès à l’information. Ce même article rappelle également que le gouvernement est tenu de « s’abstenir de violer les droits fondamentaux de l’homme au-delà du raisonnable» dans l’application de la loi, ce qui, dans le nouveau contexte, pose la question de savoir ce que recouvre « au-delà du raisonnable ». Pire encore, l’Article 21 établit que les comptes-rendus des medias ne doivent pas faire l’objet de sanctions « dans la mesure où leurs communications auraient pour seule fin l’intérêt public et ne s’appuieraient pas sur des méthodes illégales ou à l’évidence déloyales ». Or, il n’existe aucune définition de « l’intérêt public » dans ce contexte, pas la moindre indication de la façon dont le gouvernement pourrait en attester. Le gouvernement a de même stipulé que les quelques blogueurs ou autres activistes des réseaux sociaux ne tombent pas sous la définition des « media » entendue dans cet article, en indiquant de ce fait que les susdits pathétiques garde-fous ne devront pas leur être appliqués.

Comme on l’imagine sans peine, ce projet de loi a déclenché un intense tollé dans la sphère publique avec l’expression de protestations quasi-quotidiennes et a essuyé la critique des Organisations de défense des droits de l’homme, au nombre desquelles l’Association du Barreau Japonais, de la part aussi d’éminents députés honoraires du Parti Conservateur, des Sociétés Savantes, des Sociétés de la Presse ainsi que des Conseils préfectoraux et des Conseils municipaux. Fait tout à fait inhabituel pour un pays qui d’ordinaire échappe à l’analyse internationale, le projet fut également l’objet de vives critiques de la part des défenseurs des droits de l’homme aux Nations-Unies. Au Conseil des Nations-Unies pour les Droits de l’Homme, le Rapporteur Spécial  sur la Liberté d’Expression et le Rapporteur Spécial sur le Droit à la Santé ont publié une déclaration conjointe critiquant les dispositions trop larges du projet de loi et le manque de protection des informateurs. Le Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme a partagé cette préoccupation.

Les réponses du gouvernement à ces problèmes ont brillé par leur caractère évasif, flou, et la mentalité condescendante du « taisez-vous et faites-nous confiance » _ en vérité, le fait que le gouvernement n’ait ouvert le projet de loi que deux semaines aux commentaires publics, au lieu d’un mois plein comme c’est l’usage, témoigne du mépris dans lequel il tient les points de vue en désaccord avec les siens. Une ONG a déposé la requête des minutes des comptes-rendus des réunions du groupe d’experts gouvernementaux qui avaient débattu des dispositions du projet _ lesquelles minutes remontent à l’année 2008. En insulte à la notion de responsabilité gouvernementale, les documents remis à l’ONG étaient presque complètement expurgés, c’est-à-dire censurés.


Un nouvel effet paralysant.

Pour faire une réponse éloquente à la question des suites qui seraient données à « un reportage à l’évidence déraisonnable», la Ministre Masako Mori, la membre du Cabinet missionnée par le Premier Ministre Abe pour porter le projet au Parlement, sans autre raison qu’une femme face aux caméras permet de donner du projet une image lénifiante, a cité pour illustration la tristement célèbre affaire Nishiyama en 1972.

Takichi Nishiyama, un ancien journaliste du grand journal japonais Mainichi Shimbun, fut arrêté pour avoir obtenu des informations de la part d’un secrétaire au Ministère des Affaires Etrangères Japonais (avec qui, l’apprit-on par la suite, il avait eu une liaison) à propos d’un accord secret entre les Etats-Unis et le Japon, relatif au retour d’Okinawa sous la souveraineté japonaise. Bien que l’accord publié par les deux gouvernements eût stipulé que certaines dépenses pour un  montant total de 4 millions de dollars US seraient payées par les Etats-Unis, ce fut un pur mensonge,  un accord secret précisa de fait que les coûts seraient payés par les Japonais. Pour les efforts qu’il a déployés à exposer au gouvernement la déception de son peuple, Nishiyama fut déclaré en 1978 coupable d’incitation à la révélation de renseignements confidentiels de la part d’un fonctionnaire. 30 ans plus tard, des documents déclassifiés du gouvernement américain confirmèrent les allégations de Nishiyama – or, son nom est dorénavant cité par le gouvernement comme un bon exemple de « mauvais » journalisme.

Fait révélateur, Mori a déclaré que les questions faisant l’objet d’un vif débat public, tel l’accord économique pour le Partenariat Transpacifique (TPP) actuellement en cours de négociation à huis clos entre les Etats-Unis et d’autres pays, pourraient être désignées au secret. Et les garanties présentées par le gouvernement n’ont pas suffi à apaiser les inquiétudes, du fait qu’avec dans le projet de loi des dispositions aussi larges, des informations importantes concernant la sécurité nucléaire pourraient aussi bien être désignées au secret.

Le plus important sans doute dans tout cela, c’est l’effet d’intimidation qu’aurait cette loi sur des personnes qui auraient accès à quelque sorte d’information que ce soit, ou qui en publieraient. En raison d’une formulation opaque de la loi, les gens ne peuvent pas être en mesure de savoir si une information à laquelle ils accèdent ou qu’ils rendraient publique est susceptible d’être de fait un secret désigné. L’Association du Barreau Japonais fait observer qu’aux termes des dispositions du projet de loi, il est tout-à-fait plausible d’être accusé et poursuivi en justice sans que ni la personne ni son avocat ne soient informés des renseignements précis qu’elle serait accusée d’avoir révélés. Il n’est dès lors pas surprenant que les déclarations du gouvernement, assurant que ne seraient pas punis des individus tombant sur des secrets ou en révélant par accident, ne soient pas convaincantes -  et tout indique que même dans l’hypothèse où elles ne seraient pas punies, ces personnes feraient l’objet d’une enquête.

Tôt dans la matinée du 5 décembre, en réponse à la pression, le gouvernement a fait cette annonce qu’il allait créer deux  organismes « indépendants » pour veiller à la mise en œuvre de la loi en garantissant qu’il n’y ait aucun abus. Mais l’un seulement de ces deux organes est véritablement indépendant – c’est un groupe d’experts juridiques qui aura une mission de conseil auprès du Premier Ministre, étant chargé d’élaborer des lignes directrices pour la désignation des secrets, et qui sera destinataire d’un rapport annuel sur la mise en application de cette loi. Il semble par ailleurs que le Premier Ministre ne fournirait à ce groupe d’experts qu’un vague aperçu du nombre d’informations désignées comme secrètes, par catégories. Au-delà de ce point, les choses ne sont pas claires en ce qui concerne le fonctionnement de cet organisme, on ignore aussi l’étendue réelle de ses compétences. Ce serait un jeu d’enfant pour le gouvernement de désigner un panel composé de ses copains, qui avaliseraient sans discussion telle ou telle proposition.

Prétendre que le second organisme serait « indépendant » est une offense à l’intelligence. Ce « Comité de Surveillance pour la Conservation des Renseignements » sera en charge de veiller à l’application de la loi en s’assurant qu’il n’y ait pas d’abus, et c’est sans conteste le plus puissant des deux organismes. Quoi qu’il en soit, il sera composé de secrétaires-adjoints (haut-fonctionnaires du plus haut rang) issus des Ministères des Affaires Etrangères et de la Défense – à savoir les Ministères qui désigneront sans aucun doute le plus grand nombre de secrets. Sans surprise, personne au Japon n’attend de la part de cet organisme aucun contrôle sérieux.

De nombreux opposants au projet de loi ont souligné qu’il y a dans les termes de cette loi des libellés strictement similaires à ceux qui remontent aux années sombres, en particulier dans l’infâme Loi pour la Défense de la Sécurité Publique de 1941, à laquelle le gouvernement eut recours pour jeter en prison les opposants à l’effort de guerre. L’expérience issue de ces années-là fait craindre aux Japonais que  les secrets gouvernementaux ne conduisent à des secrets plus nombreux encore de la part du gouvernement, et puis à la guerre.

Pour reprendre un adage employé souvent par la génération issue des années Trente pour décrire la nature insidieuse du militarisme : comme il se rapproche…le bruit des bottes !…

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Saul Takahashi est un avocat japonais spécialisé dans les droits de l’homme et un activiste qui a débuté sa carrière auprès d’Amnesty International à Tokyo. Il a obtenu sa maîtrise en droit à l’Université d’ Essex, et travaille actuellement dans la Palestine occupée. Takahashi est l’éditeur [auteur ?] de « Human Rights, Human Security and State Security: the Intersection », un ouvrage qui sera publié par Praeger Security International en 2014.

Cet article a été publié à l’origine par Open Democracy sous le titre Japan’s designated secrets bill – the sound of the jackboots [Le projet de loi au Japon sur les secrets désignés – le bruit des bottes], sous licence d’Attribution Non Commerciale 3.0


samedi 30 novembre 2013

L'Iran rejoint les États qui ne sont pas sûrs.

L'Iran n'est plus un "État voyou". Il ne l'est pas davantage, désormais, que les pays dotés d'armes nucléaires qui lui refusaient d'avoir une industrie nucléaire parce qu'il pouvait construire des bombes atomiques ! Un article paru dans Il Manifesto fait le point. Jusques à quand vivrons-nous dans une hypocrisie géante étendue à l'échelle planétaire ?
 Voilà « le monde plus sûr »


Par Manlio Dinucci
Édition de mardi 26 novembre 2013 de Il manifesto

Enfin « s’est ouverte la route vers un monde plus sûr, un avenir dans lequel nous pouvons vérifier que le programme nucléaire de l’Iran soit pacifique et que celui-ci ne puisse pas construire une arme nucléaire »

La bonne nouvelle est annoncée, un mois avant Noël, par le président Obama, Prix Nobel de la paix qui vient de rendre le monde plus sûr en ordonnant de potentialiser les centaines de bombes nucléaires que les États-Unis maintiennent en Europe : les B61-11 sont transformées en B61-12, qui peuvent être utilisées aussi comme bombes anti-bunker dans une first strike nucléaire.

Ceci entre dans la « carte routière » de l’administration Obama pour garder la suprématie nucléaire des États-Unis. Ils disposent d’environ 2150 têtes nucléaires postées, c’est-à-dire prêtes au lancement par missiles et bombardiers, plus 2500 autres stockées dans des dépôts et rapidement activables, auxquelles s’ajoutent plus de 3000 autres retirées mais non démantelées et donc réutilisables : au total environ 8000 têtes nucléaires.

L’arsenal de la Russie est analogue, mais celle-ci a moins de têtes prêtes au lancement, 1800 environ. Le nouveau traité Start entre États-Unis et Russie ne limite pas le nombre des têtes nucléaires opérationnelles dans les deux arsenaux, mais seulement celles qui sont prêtes au lancement sur des vecteurs stratégiques avec une portée supérieure à 5500 Kms : le toit est établi à 1550 de chaque côté, mais il est en réalité supérieur car chaque bombardier lourd est compté comme une seule tête même s’il en transporte vingt ou davantage. Le traité laisse ouverte la possibilité de potentialiser qualitativement les forces nucléaires. À cet effet, les États-Unis sont en train d’installer en Europe un « bouclier » anti-missiles, officiellement pour neutraliser une attaque iranienne (impossible au stade actuel), en réalité pour obtenir un avantage stratégique sur la Russie, laquelle est en train de prendre des contre-mesures. En plus de celles des États-Unis, l’OTAN dispose d’environ 300 têtes nucléaires françaises et 225 britanniques, quasiment toutes prêtes au lancement.

Israël – qui constitue l’unique puissance nucléaire au Moyen-Orient et, à la différence de l’Iran, n’adhère pas au Traité de non-prolifération – possède selon les estimations de 100 à 300 têtes avec leurs vecteurs et produit suffisamment de plutonium pour fabriquer chaque année entre 10 et 15 bombes du type de celle de Nagasaki ; il produit aussi du tritium, un gaz radioactif avec lequel on fabrique des têtes neutroniques, qui provoquent une contamination radioactive moins grande mais une plus haute létalité.

En même temps s’accroît la confrontation nucléaire Asie/Pacifique, où les Etats-Unis sont en train d’effectuer une escalade militaire. La Chine possède un arsenal nucléaire, estimé à environ 250 têtes, et environ 60 missiles balistiques intercontinentaux. L’Inde possède environ 110 têtes nucléaires ; le Pakistan 120, la Corée du nord probablement quelques têtes. En plus des neuf pays possédant des armes nucléaires, 40 autres au moins sont en mesure de les construire. En fait, il n’existe pas une séparation nette entre utilisation civile et utilisation militaire de l’énergie nucléaire et, par les réacteurs, on obtient de l’uranium hautement enrichi et du plutonium adaptés à la fabrication d’armes nucléaires. On calcule qu’il s’en est accumulé dans le monde une quantité telle qu’on peut fabriquer plus de 100 000 armes nucléaires, et on continue à en produire des quantités croissantes : il y a plus de 130 réacteurs nucléaires « civils » qui produisent de l’uranium hautement enrichi, adapté à la fabrication d’armes nucléaires.

Voilà quel est le monde qui « devient plus sûr » parce que les 5 plus grandes puissances nucléaires, plus l’Allemagne (qui a fourni à Israël les sous-marins d’attaque nucléaire), ont conclu l’accord selon lequel « le programme nucléaire iranien sera exclusivement pacifique ».

http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20131126/m...

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

mardi 19 novembre 2013

La 5e République et la pérennité du nucléaire militaire


https://pbs.twimg.com/media/BHTr1EOCEAEeZuk.jpg:large


Véronique Fouillouse, présidente de la C6R de Saône et Loire, était présente au café citoyen qui s’est tenu le 30 septembre dernier à Montpellier. Elle en fait un retour sous la  forme d'un compte-rendu très synthétique. Il mérite la lecture.
http://www.c6r.org/spip.php?article1155

Sur la question syrienne, contrairement aux députés britanniques qui ont voté non et au Congrès américain habilité à le faire depuis le « world power act » passé sous Reagan, le parlement français ne pouvait pas être consulté, car la constitution de la 5e république le lui interdit. Le président décide seul. C’est une conception monarchique et absolutiste qui ne date pas de la constitution de 1958, mais plus tard de l’arme nucléaire en 1964 sous la présidence du Général de Gaulle

Article 21 de la constitution : « le premier ministre est responsable de la défense nationale »
Article 20 : « le président dispose de la force armée »
Article 15 : « le président est le chef des armées ».
Le décret du Général de Gaulle du 14 mai 1964 charge le président de la république de la force nucléaire.
Sous Valéry Giscard d’Estaing elle est étendue à toutes les forces stratégiques.
Avant d’être président François Mitterrand était contre, mais deux ans après son élection, le 16 novembre 1983, il déclare : « l’intervention de la force de frappe relève de la décision d’un seul, le chef de l’Etat, c’est moi ».

C’est absolument unique au monde ! Et pourtant l’arme nucléaire coûte un maximum. Quand en discute-t-on en France ? Le débat parlementaire n’a jamais eu lieu.
En 2008, Nicolas Sarkozy a révisé la constitution.
Article 35 révisé : la déclaration de guerre n’existe plus, un débat à l’assemblée doit avoir lieu 3 jours après l’intervention militaire, mais sans vote du parlement.
Article 50 révisé : le gouvernement peut prendre l’initiative de provoquer un débat et un vote, 4 mois après le début de l’intervention, mais sans engager sa responsabilité !
Article 49 révisé : le président est conseillé par un comité à huis clos de 16 personnes, mais il décide seul.

De toute façon si le gouvernement engageait sa responsabilité, il prendrait le risque d’être renversé, mais dans ce cas le président s’empresserait de dissoudre l’assemblée. On est où ? Dans une république bananière ? Droite ou gauche c’est pareil !.La démocratie est en faillite, vivement la 6e république !

Remarques : La constitution de la 6e république prévoit bien sûr de retirer au président son domaine réservé en matière de défense, c’est le premier ministre, le véritable chef de l’exécutif, qui en devient responsable devant l’assemblée nationale, comme dans toutes les autres démocraties du monde.

L’Union Européenne a les moyens d’agir, mais elle ne les utilise pas.

La constitution a été modifiée 25 fois en 55 ans, mais 24 fois par la droite et une seule fois par la gauche (réforme du quinquennat en 2002).

François Hollande n’a pas provoqué de débat sur la question institutionnelle. La commission des lois avait fait des propositions il y a un an, mais rien n’a changé.

La France est pourtant le pays des droits de l’homme, et la tradition veut qu’on débatte. Mirabeau disait en son temps que le parlement est souverain. Pourtant sur la question nucléaire, on éteint à l’avance toute délibération. Les parlementaires ne sont plus représentatifs de la société française. Il faut donc que le peuple s’empare de cette question.

Véronique Fouillouse.
veroniquefouillouse@wanadoo.fr


samedi 26 octobre 2013

Nucléaire ou démocratie : choisissons !

Peter Bradford 

http://groupes.sortirdunucleaire.org/Nucleaire-la-renaissance-a-l?origine_sujet=LI201310

Le huitième Rapport sur l’état de l’industrie nucléaire dans le monde (World Nuclear Industry Status Report ou WNISR) est paru en juillet dernier. Au fil des années, cette publication élaborée par des experts indépendants a acquis une vaste audience internationale. Ses chiffres et analyses sont désormais repris par de nombreux médias dans le monde.

Le rapport s’ouvre sur une préface de Peter Bradford, un ancien commissaire de la Nuclear Regulatory Commission (NRC), l’autorité de sûreté nucléaire des États-Unis. Son constat est sévère. « L’énergie nucléaire exige la soumission, pas la transparence », écrit-il en introduction. « Pour différentes raisons, dans de nombreux pays, l’industrie nucléaire ne peut pas dire la vérité sur ses avancées, ses perspectives ou ses périls. […] L’importance cruciale du World Nuclear Industry Status Report réside dans l’étonnante persistance de cette attirance mondiale pour les promesses trompeuses du nucléaire. »

On ne saurait trop recommander à celles et ceux qui comprennent l’anglais de se reporter au rapport intégral, qui condense, en quelque 140 pages, une mine d’analyse et de chiffres sur la situation de l’industrie nucléaire dans le monde et les différents pays, les aspects économiques et financiers de cette industrie, un bilan provisoire sur Fukushima et un point sur l’évolution des renouvelables.

Le collectif avait déjà organisé une action en mars dernier au rond-point du Tricastin.
 Manifestation devant le Tricastin
Le nucléaire recule. Lentement. Le choix entre ce qu'il a rapporté et ce qu'il coûte désormais, tarde à se faire. Les risques pour les assurances sont en cours de mesure mais non publiés. Le vieillissement des centrales augmente les craintes. La fin du nucléaire est annoncée mais reste lointaine compte tenu de l'entêtement des États et des entreprises qui en dépendent encore, dont la France. Sans une inversion des opinions, à quoi travaille Sortir du nucléaire, il faudra attendre... le prochain accident majeur, de toute façon statistiquement inéluctable !

dimanche 22 septembre 2013

L'accident fatal est possible

Le quatrième des trois dispositifs de sécurité ayant fonctionné les deux bombes atomiques tombées du B52, en 1961, n'ont pas explosé. Voila qui est rassurant ! La réalité est plus tragique : les armes portées pouvaient échapper aux meilleurs contrôles. Et maintenant ? Sommes-nous à l'abri d'un accident ? Qui peut le dire ? Les discours rassurants ne convainquent guère. Bref, la sécurité la meilleure serait d'éliminer toutes les armes nucléaires. Impossible ? Impensable ? Alors continuons de jouer l'avenir de la planète à pile ou face.


Par Yona HELAOUA (http://www.france24.com/fr/20130921-etats-unis-1961-bombe-nucleaire)
Et si New York et Washington avaient été rayés de la carte ? D’après les révélations exclusives du "Guardian" vendredi 20 septembre, une bombe à hydrogène (bombe H), 260 fois plus puissante que celle qui a touché Hiroshima en 1945, a bien failli exploser à Goldsboro, en Caroline du Nord, le 23 janvier 1961 – soit trois jours après le discours inaugural du président John F. Kennedy.

Le "Guardian" s’appuie sur un document secret de l’armée de l’air américaine, obtenu par le journaliste d’investigation Eric Schlosser, en vertu de la loi sur la liberté d’information. D’après ce document, rédigé le 22 octobre 1969, soit huit ans après les faits, un bombardier de l’US Air Force, transportant deux bombes H de type Mark 39 et qui survolait la côte Est, est tombé en panne en plein vol. Alors qu’il piquait du nez, l’avion a laissé échapper ses deux bombes au-dessus de Goldsboro.

Un petit interrupteur pour éviter une énorme catastrophe
L’une d’entre elles est tombée dans un pré, tandis que l’autre a terminé sa course dans les branches d’un arbre, son parachute déployé et ses mécanismes de sécurité désactivés. Seul un petit interrupteur à faible voltage a permis d’éviter la catastrophe. Si la bombe avait explosé, les villes de Washington, Baltimore, Philadelphie et de New York auraient pu être touchées par le champignon atomique, avec des millions de vie en jeu.

Le rapport, écrit par un ingénieur chargé de contrôler les mécanismes de sécurité des bombes, est intitulé "Goldsboro revisité, ou comment j’ai appris à me méfier de la bombe H". Ce titre est une référence au film de Stanley Kubrick, "Docteur Folamour", dont le titre en anglais est plus long : "Dr Strangelove or: How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb" ("Docteur Folamour ou comment j’ai appris à arrêter de m’inquiéter et à aimer la bombe").

Le gouvernement muet
Si le pire a été évité, ce n’était apparemment ni la première ni la dernière fois qu’un tel accident se produisait. Selon le journaliste Eric Schlosser, auteur d’un ouvrage sur l’arme nucléaire, au moins 700 accidents ou incidents mettant en cause 1 250 armes nucléaires auraient été enregistrés entre 1950 et 1968. "Le gouvernement américain a constamment essayé de cacher ces informations à la population pour éviter que cela ne soulève des questions sur sa politique nucléaire, estime le journaliste. On nous a affirmé qu’il était impossible que ces armes se déclenchent par accident, alors que cette bombe-là a bien failli exploser."


 

samedi 21 septembre 2013

L'avancée ambiguë du Vatican

mgr_mamberti 
  Mgr Mamberti.

Appel lancé par Dominique Mamberti, secrétaire du Vatican pour les rapports avec les États,  lors de la Conférence générale de l’ (Agence international de l’énergie atomique) à Vienne.

Il est temps de « détourner le matériel nucléaire destiné à des fins militaires vers des activités pacifiques ». a également exprimé sa préoccupation concernant la situation au Moyen-Orient et a encouragé les négociations sur le programme nucléaire de l’Iran. Le Saint-Siège, a-t-il dit, « est fermement convaincu que les difficultés actuelles peuvent et doivent être surmontées par la voie diplomatique, en utilisant tous les moyens mis à disposition de la diplomatie » et en dépassant les obstacles qui « empêchent la confiance réciproque ».

Mgr Mamberti affirme que « la sécurité mondiale ne doit pas s’en remettre aux armes nucléaires » et il rappelle que « nous avons besoin d’une adhésion universelle et inconditionnelle et de la réalisation du Traité de non-prolifération ».

Pour le secrétaire du Vatican pour les rapports avec les États, la communauté internationale doit « donner un nouvel élan au processus de désarmement nucléaire, y compris un véritable progrès dans le démantèlement des armes nucléaires ». Et il réaffirme que désarmement et non-prolifération sont « également fondamentaux d’un point de vue humanitaire ».
 
Mgr Mamberti a donc exprimé la « profonde préoccupation du Saint-Siège vis-à-vis des récents événements tragiques au Moyen-Orient ». Le Saint-Siège réaffirme « son ferme soutien aux efforts visant à établir une zone medio-orientale libérée des armes nucléaires et de toutes les armes de destruction massive ». Les zones libérées des armes nucléaires, a-t-il constaté, sont le meilleur exemple de confiance et de sécurité et l’affirmation que la paix et la sécurité sont possibles sans la possession d’armes nucléaires. Mgr Mamberti a enfin mis l’accent sur «les développements dans les négociations sur le programme nucléaire de l’Iran »

Dans son discours, il n’a pas non plus manqué de s’attarder sur l’énergie nucléaire, qui, a-t-il dit, doit être «utilisée de manière non seulement pacifique, mais aussi sûre».


On ne peut que se réjouir de cet prise de position du porte-parole du Vatican en faveur «d’une adhésion universelle et inconditionnelle et de la réalisation du Traité de non-prolifération ». Par contre, il faut bien constater qu'en appeler à « détourner le matériel nucléaire destiné à des fins militaires vers des activités pacifiques » donne à penser que le nucléaire civil est légitimé (ce qui ne peut que réjouir l'AIEA), malgré  la nuance  supplémentaire : l’énergie nucléaire doit être «utilisée de manière non seulement pacifique, mais aussi sûre».

 AIEA

lundi 26 août 2013

Corinne Lepage, qui n'est ni une extrémiste ni une Cassandre, nous interroge : et si 2025, (date à laquelle François Hollande demande à ses ministres quel sera, alors, l'État de la France), marquait  l'étape principale de la fin du nucléaire ou... de la France !





Aux victimes de Tchernobyl, aux victimes de Fukushima, aux voisins des centrales nucléaires, aux salariés qui travaillent dans le nucléaire, aux magnifiques services de secours qui seraient les premiers à affronter une catastrophe. En souhaitant que cela n'arrive jamais.
 
L'exercice commandé par le Président de la République à ses ministres est plus que salutaire car il consiste à fixer un objectif pour se donner les moyens de l'atteindre. On peut donc se gausser effectivement de la faiblesse des moyens évoqués en face d'objectifs alléchants mais il n'en demeure pas moins que l'absence de stratégie dont souffre la France est largement due à la disparition du Plan et au manque de visibilité à moyen terme et à long terme.
 
Ceci étant, des événements majeurs internes et externes peuvent se produire qui, bien évidemment, modifient considérablement une trajectoire prédéfinie. Parmi eux, un accident nucléaire majeur en France peut se produire et plus précisément encore cet accident nucléaire pourrait bien affecter la centrale de Fessenheim. En effet, en faisant le choix non discuté de poursuivre au-delà de 30 voire 40 ans jusqu'à 60 ans la durée de vie des centrales nucléaires, EDF et son contrôleur l'ASN, auxquels se remet aveuglement l'État (si tant est que l'on puisse séparer l'un de l'autre), prennent un risque délibéré et important. Déjà, l'institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), dans la copie qu'il a remis lors du débat national sur la transition énergétique insiste sur le fait qu'à 35 ans, les risques de rupture brutale à Saint-Laurent, Dampierre, Cruas, Chinon même en cas de situation incidentelle et accidentelle n'étaient pas à exclure. Il rajoute que les marges de rupture sont également insuffisantes à Bugey. De plus, comme l'explique Benjamin Dessus dans la note remise lors du débat national sur le coût d'un accident nucléaire en France, la probabilité d'un accident nucléaire dans l'étude externe dite, qui sert de base, est de cinq accidents pour 100 000 par réacteur et par an ce qui représente pour la France sur une période de 20 ans 6 % de risque, ce qui est colossal ! La France est partie sur un risque 10 fois moindre. Mais, tous ces scénarios probabilistes reposaient sur un risque d'accident avec fusion du cœur de 0,014 alors que la réalité constatée a été de quatre soit 280 fois plus que prévu. En conséquence, le risque est en réalité beaucoup plus important.
 
Il l'est particulièrement pour Fessenheim, centrale dotée d'une seule enceinte de confinement, construite sur la plus grande nappe phréatique d'Europe, 9 m en dessous du grand canal d'Alsace et surtout dans une zone sismique reconnue puisque le tremblement de terre de Bâle de 1356 avait lors de la décision de construction été évalué à 6,2 sur l'échelle de Richter, auquel avait été ajouté un coefficient de sécurité de 0,5. Aujourd'hui, la réévaluation détermine plutôt un tremblement de terre compris entre 6,9 et 7,2. EDF comme l'ASN et de manière incompréhensible le ministère de l'écologie conduit par Madame Batho, Monsieur Fillon et Madame Kosciusko-Morizet pour le post Fukushima, Jean-Louis Borloo enfin, ont refusé de l'entendre et de prendre en considération les études très convaincantes faites par des les organes d'expertise suisses indépendants mettant en lumière la sous-évaluation manifeste du risque sismique.
 
Aujourd'hui, une carte harmonisée de l'aléa sismique à l'échelle de l'Europe vient d'être dressée par une cinquantaine de scientifiques (voir Le Monde du 17 août 2013). L'étude aboutit à envisager que des secousses beaucoup plus fortes que les séismes historiques de référence puissent se produire selon Monsieur Cotton, professeur de sismologie à Grenoble. D'ores et déjà les scientifiques ont revu à la hausse les maximes et magnitude maximale envisagée de 0,5 à 1 supplémentaire sur l'échelle de Richter. Un programme complémentaire de recherche va démarrer en octobre pour trois ans pour mieux protéger les infrastructures critiques contre les aléas naturels. Quoiqu'il en soit, chacun sait désormais qu'en laissant Fessenheim fonctionner, il prend un risque considérable qui, s'il se transformait en réalité, changerait totalement la trajectoire de la France.
 
Du jour au lendemain, les Français réclameraient la fermeture des centrales nucléaires ce qui serait bien entendu impossible et se limiterait aux plus anciennes et plus dangereuses réduisant de toute façon considérablement la production électrique nationale. Par ailleurs, au-delà de la catastrophe sanitaire et humaine qui se produirait, et s'il s'agissait de Fessenheim et bien au-delà des frontières de la France en Suisse et en Allemagne, entraînant un ressentiment majeur contre notre pays et bien évidemment des demandes indemnitaires considérables, c'est une catastrophe économique industrielle et financière majeure qui se produirait. Les évaluations du coût d'une catastrophe nucléaire évoluent aujourd'hui entre 600 et 6000 milliards d'euros. Dans tous les cas de figure, il s'agit d'une somme colossale dont personne n'imagine comment elle pourrait être réunie. Elle se traduirait pour toutes les activités économiques de notre pays, en commençant bien entendu par l'agriculture, la viticulture et le tourisme, en continuant avec la production de biens et services en général, personne dans le monde n'ayant envie d'acheter des produits risquant d'être contaminés. 
 
Dès lors, imaginer la France de 2025, c'est avant tout faire en sorte qu'une telle catastrophe ne se produise pas. Cela signifie non seulement fermer Fessenheim sans délai mais également mettre en route les procédures de fermeture des centrales les plus dangereuses, qui sont parfaitement identifiées par l'IRSN et créer les possibilités de sortir à terme du nucléaire. C'est décider de s'inspirer du modèle allemand pour faire redémarrer une activité industrielle autour de la troisième révolution industrielle qui mêle numérique et nouvelles énergies, industrie et services de l'efficacité énergétique, domotique, robotique et transition industrielle vers une sobriété des matériaux et de l'énergie utilisée en particulier autour de l'économie circulaire.
 
Effectivement, Fessenheim pourrait bien dans un sens ou dans l'autre redessiner la France de 2025.

lundi 12 août 2013

Le plus gros rejet radioactif en mer de l’Histoire

 

 Fukushima = 4 catastrophes nucléaires majeures,
il est temps de le reconnaître !

Je signe la pétition
Depuis le 11 mars 2011, ce n’est pas une seule catastrophe nucléaire majeure qui a lieu à Fukushima mais quatre !

En mars 2011, les cœurs de trois réacteurs sont entrés en fusion et plusieurs explosions ont endommagé les bâtiments réacteurs de la centrale de Fukushima Daiichi.
La quatrième catastrophe vient d’être révélée, après plus de 2 ans de mensonges : en avril 2011, l’eau contaminée du réacteur n°2 s’est répandue dans l’océan causant la plus forte pollution radioactive en mer de l’Histoire. Et depuis... les réacteurs éventrés continuent de déverser d’énormes quantités de radioactivité dans l’environnement et l’océan.
Catastrophe nucléaire de Fukushima
  • CATASTROPHE n°1 : fusion du cœur du réacteur N°1
  • CATASTROPHE n°2 : fusion du cœur du réacteur N°3
  • CATASTROPHE n°3 : fusion du cœur du réacteur N°2
  • CATASTROPHE n°4 : plus gros rejet radioactif en mer de l’Histoire
Pourtant, les autorités n’ont décrété qu’une seule catastrophe de niveau 7. Arrêtons le mensonge ! Il est temps que ces 4 catastrophes nucléaires majeures soient admises en tant que telles.
En solidarité avec le peuple japonais et pour que les multiples catastrophes de Fukushima soient enfin reconnues, mettons la pression sur les autorités internationales pour que toute la lumière soit faite sur la réalité à Fukushima.
J’exige de l’Agence Internationale pour l’Energie Atomique (AIEA) qu’elle classe les 4 catastrophes de Fukushima en tant qu’accidents majeurs, soit au niveau 7, le niveau maximal de l’échelle internationale INES [1] de classement des accidents nucléaires.

vendredi 26 juillet 2013

Nucléaire : c'est là qu'ça se corse !

Tchernobyl : au paradis du nucléaire français, Marisol Touraine et le gouvernement restent sur leur nuage radioactif

Paul Giacobbi, président du conseil exécutif de Corse et député de la Haute-Corse, a évoqué mardi devant l'Assemblée nationale, lors des questions au Gouvernement l'enquête épidémiologique effectuée à l'initiative de la CTC après le passage du nuage de Tchernobyl en Corse. Son espoir d'avoir été entendu a vite été tempéré par Marisol Touraine, ministre de la Santé !

Michèle Rivasi, députée européenne.

25 juil 2013

En séance à l’Assemblée nationale mardi, la ministre de la Santé Marisol Touraine a jugé non concluante une récente étude italienne qui fait état d’une forte augmentation des maladies de la thyroïde, dont des cancers, en Corse après le passage du nuage radioactif de Tchernobyl en 1986. Le lendemain, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) lui emboîtait le pas, jugeant que les données de base utilisées et les méthodes d’analyses paraissent approximatives et mal décrites.
Le déni continue donc 27 ans après la catastrophe de Tchernobyl, une position jugée irresponsable par l’eurodéputée Michèle RIVASI, fondatrice de la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité), qui soutient depuis le début cette étude effectuée sur la base de 14.000 dossiers médicaux archivés et plus particulièrement sur 5.500 dossiers « complets » concernant des patients ayant consulté avant et après l’accident de la centrale nucléaire ukrainienne du 26 avril 1986.

« Ce qui m’étonne le plus, c’est la rapidité et l’aplomb avec lesquels l’IRSN rejette une telle étude, confiée pourtant à une équipe scientifique aussi crédible que compétente, suite à un appel d’offres européen. Les données utilisées sont suffisantes et crédibles. Le vrai problème est que l’IRSN a toujours refusé de reconnaître la dangerosité des faibles doses d’exposition à la radioactivité, s’entêtant – comme il vient de le répéter – à ne juger cette étude qu’en l’état actuel des connaissances sur les effets des expositions aux rayonnements ionisants.Reconnaître les dangers des faibles doses ce serait remettre en cause l’ensemble des normes de radioprotection et donc condamner définitivement le nucléaire pour raisons sanitaires »

« Actuellement au Parlement européen, nous débattons de la future directive européenne sur la radioprotection, une occasion inédite de remettre en cause les normes actuelles pour les améliorer, ce à quoi je m’emploie. Je vous le dis franchement, d’un point de vue cynique nous conservons de telles normes pour éviter de payer trop cher en indemnisations en cas d’accident nucléaire. C’est le seul moyen d’éviter un krach économique complet suite à une catastrophe nucléaire majeure. Bref, une telle attitude démontre que l’on s’attend donc à avoir un accident, ce qui est inacceptable pour tout un chacun »
 .
« Cette analyse de l’IRSN contredit pourtant des études officielles de l’Institut national de veille sanitaire (INVS), qui ont démontré que l’incidence des cancers de la thyroïde en Corse est parmi les plus élevée de France…puisque la Corse a été la région la plus affectée par les retombées radioactives. CQFD ».

« Le syndrome de Tchernobyl semble toucher les gouvernements successifs, empêtrés dans une dépendance au nucléaire qu’ils n’ont su résoudre. Avec cette étude, la gauche avait enfin l’opportunité de reconnaître un des plus graves mensonges de la Vème République, je suis extrêmement déçue ».

« Depuis des années les victimes de Tchernobyl attendent une reconnaissance officielle des maladies qui les affectent. Je ne peux que m’indigner d’une telle irresponsabilité pour protéger les intérêts de l’industrie nucléaire: au final, le mensonge initial oblige à sa répétition pour ne pas mettre à mal la crédibilité de l’Etat en matière de responsabilité nucléaire. Le seul moyen de sortir d’un tel cercle vicieux est de sortir du nucléaire ».

vendredi 12 juillet 2013

Fin de la Finlande..?

  POUR L'ÉTERNITÉ...

 

Des milliers de tonnes de déchets radioactifs vont être enterrées dans une cavité, qui devra rester inviolée pendant 100 000 ans. Un défi insensé et risqué.



A l’ouest de la Finlande, sur la presqu’île d’Olkiluoto, des ouvriers s’affairent à creuser un immense trou de 450 mètres de profondeur, parcouru par cinq kilomètres de route.
Lorsqu’il sera terminé, en 2020, l’industrie nucléaire finlandaise commencera alors à y enterrer des milliers de tonnes de déchets radioactifs. Et quand cette besogne sera à son tour achevée, 100 ans plus tard, la cavité sera scellée et devra rester inviolée pendant 100 000 ans.
Un défi insensé, plein de risques, qui dépasse techniquement et philosophiquement tout ce que l’homme a pu entreprendre jusque-là.
La route est longue, étroite, et sa platitude n’a d’égale que sa monotonie. Elle serpente dans la région du Satakunta, à travers des bordées de bouleaux et de sapins, et débouche tout droit sur le Golfe de Botnie, cette étendue d’eau qui sépare la Finlande de la Suède.
Avant de bifurquer sur la gauche, pour rejoindre la route nationale 8, puis encore sur la droite, quelques kilomètres plus loin, en direction de la presqu’île d’Olkiluoto, on traverse la bourgade d’Eurajoki.

« Onkalo », « la cave » en finnois

Eurajoki est une coquille sans charme particulier, Eurajoki transpire l’ennui, mais Eurajoki est une commune prospère. Comme tous ceux pour qui ce nom évoque quelque chose, je n’aurais jamais entendu parler de ce petit bled grisâtre du sud-ouest de la Finlande s’il n’était pas la municipalité qui chapeaute le complexe nucléaire d’Olkiluoto.
Avec ses deux réacteurs en fonction depuis la fin des années 70, et l’interminable construction de son EPR – le fameux réacteur pressurisé européen d’Areva –, cette presqu’île constitue l’un des centres névralgiques de la politique énergétique de la Finlande.
Mais ce qui en fait un endroit à part sur le globe, c’est son tombeau nucléaire, construit par l’entreprise Posiva. L’endroit a été baptisé « Onkalo », « la cave » en finnois. Des bataillons d’ouvriers étrangers, venus de toute l’Europe, y ont creusé un immense trou à même la roche.
Selon le plan établi, à partir de 2020, l’industrie nucléaire finlandaise y stockera tous les déchets produits par ses centrales depuis 1996. L’opération de stockage est prévue pour durer 100 ans. Un siècle durant lequel, chaque semaine, un funeste cortège de camions chargés de détritus à la toxicité inégalable empruntera les cinq kilomètres de route souterraine qui mènent au fond de la cave.

Ouverture interdite pendant 100 000 ans

Ces milliers de tonnes de déchets seront alors réparties dans des trous creusés à l’intérieur d’une interminable galerie de tunnels. Puis méticuleusement, les unes après les autres, ces cavités seront rebouchées.
Enfin, quand cent ans plus tard, en 2120, les 4 500 orifices imaginés seront repus du matériel mortifère, alors on refermera cet édifice titanesque et on devra prétendre qu’il n’a jamais existé.
C’est là que se profile le paradoxe qui fait toute la folie d’Onkalo. Une fois la grotte obstruée, il s’agira de s’assurer que personne n’ait l’idée saugrenue d’éventrer la roche de nouveau.
Après tout, si nos prédécesseurs se sont entêtés à ouvrir le tombeau égyptien de Toutânkhamon – un sanctuaire qui aurait dû rester inviolé pour l’éternité –, quel message pourrait bien être assez fort pour dissuader les générations futures d’explorer à leur tour ce qui sera devenu un vestige du passé, d’une autre civilisation peut-être ?

Une aberration qui sied à notre espèce

Les résidus radioactifs d’uranium et de plutonium dont il est question devront demeurer sous terre pendant 100 000 ans. Pas 100 ans. Pas 1 000 ans. Ici, les esprits narquois pourraient alors avancer qu’à 2 000 ans près, on est tout à fait en mal de certifier si un type répondant au nom de Jésus Christ a réellement existé, quand bien même quatre autres personnages tout aussi obscurs auraient chacun signé un ouvrage pour perpétuer sa parole et ses actes.
Onkalo est donc l’histoire d’un trou creusé par notre espèce, une cavité conçue à la seule fin de recevoir les restes d’un procédé technologique pas complètement maîtrisé.
Une fable universelle de l’homme censé inventer un message pour expliquer à son prochain qu’il ne faut pas ouvrir un cercueil dont il lui confie la charge, sans avoir l’assurance que ce prochain soit en mesure de décrypter ledit message.
En d’autres mots, une aberration qui a pourtant du sens, une mécanique qui sied parfaitement à notre espèce. « Agissons d’abord, on réfléchira plus tard », n’est jamais qu’une maxime qui nous ressemble bien.

http://fr.news.yahoo.com/onkalo-voyage-tombeau-nucl%C3%A9aire-finlandais-075929471.html


Loïc H. Rechi | Journaliste et Vincent Desailly | Photographe - Editeur sur RUE 89


dimanche 9 juin 2013

À Fukushima, ça continue !

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Par Janick MAGNE
Enseignante d’université à Tokyo,

Au Japon depuis 34 ans   

Ma lettre aux députés français, ce jour
(envoyée à chacun d'eux sur leur e-mail de l'Assemblée) :

 De Tokyo, Japon, le 30 mai 2013

 Mesdames et Messieurs les députés,

Je vous écris du Japon, je viens d’apprendre qu’un débat au sein de  l’Assemblée Nationale, ce soir,  fera enfin sortir de l’ombre la douloureuse question du nucléaire.  Vous allez notamment évoquer  l’accident de Fukushima. Je vous dis MERCI d’aborder enfin ce que nous  savons tous ici, au Japon, mais que personne ne veut entendre en France.   

Laissez-moi rêver et espérer un peu : je vais vous parler du Japon en  quelques lignes et je souhaite que vous lisiez ce message avant votre  première réunion....

Oui, la situation à Fukushima est terrifiante.  Non, nous ne voyons pas d’issue. Chaque jour, ce sont 400 tonnes d’eau  souterraine qui pénètrent dans les soubassements de la centrale  accidentée de Fukushima-1 et viennent se contaminer au contact de l’eau  de refroidissement des trois réacteurs dont les coeurs ont fondu et  desquels personne ne peut approcher, tant la radioactivité y est  importante. L’eau souterraine pénètre aussi dans le bâtiment des  turbines.  Jour après jour, des ouvriers pompent cette eau, la filtrent  en partie – bien insuffisamment car il n’existe aucun moyen de se  débarrasser de la plus grande partie des quelque 120 radionucléides  qu’elle contient – et la conservent ensuite dans des réservoirs et des  citernes provisoires.  Le site ne pourra bientôt plus accueillir de  nouvelles citernes et l’eau est beaucoup trop radioactive pour être  rejetée dans l’océan où la pollution radioactive atteint déjà des  records.

Il y a un peu plus de 2 semaines, le 13 mai, l’électricien  nucléaire japonais TEPCO a rencontré à Fukushima les représentants des  coopératives de pêche locales. Ils voulaient convaincre les pêcheurs que  la dernière trouvaille de TEPCO était la bonne: récupérer dans 12 puits  en amont de la centrale le quart environ des eaux souterraines (soit  100 tonnes/jour) et déverser cette eau dans l’océan. Ainsi, il n’y  aurait « plus que » 300 tonnes d’eau souterraine par jour qui  viendraient se contaminer au contact des réacteurs.

TEPCO croyait  acquis l’accord des pêcheurs, mais ceux-ci n’ont pas marché dans la  combine : ils viennent de refuser, ils demandent un temps de réflexion  supplémentaire, car TEPCO leur a tellement menti, TEPCO a tellement  manipulé les chiffres et nié la gravité de la catastrophe qu’il est  IMPOSSIBLE de les croire aujourd’hui. Les pêcheurs se demandent à quelle  sauce TEPCO va encore les manger. Nous nous demandons TOUS ici à quelle  sauce nous allons être mangés, mais ce sera une sauce au césium, bien  évidemment.

Plusieurs ingénieurs de la centrale de Fukushima l’ont  déclaré à la presse ces dernières semaines: ils sont incapables de  prévoir ce qui va se passer demain, la semaine prochaine, le mois  prochain. Toute leur énergie se concentre sur ce problème des 390 000  tonnes d’eau déjà stockées sur le site et des 400 tonnes journalières  supplémentaires.  Ils essaient juste d’avoir une heure d’avance sur  l’eau, rien qu’une petite heure à la fois. L’un d’entre eux l’a dit : «  S’il se produisait un nouvel accident (et comment ne pas y penser, dans  l’état où se trouve le site, et alors que les secousses sismiques se  poursuivent et se répètent inéluctablement ?), s’il se produisait un  accident,  donc, NOUS NE POURRIONS PAS Y FAIRE FACE. » J’ai envie de  crier AU SECOURS !

Qui, mais qui sera enfin assez sensé pour intervenir  ici au Japon, pour stopper ce massacre en préparation, pour freiner la  course folle du Japon vers la reprise du nucléaire alors que nous avons cette épée de Damoclès au-dessus de nos têtes ? Le gouvernement japonais  est dans le déni. La population se sent impuissante et préfère, trop  souvent, feindre de croire le discours officiel.

Et pourtant, savez-vous que nous attendons  pour la fin juin une livraison de MOX  français à destination d’une centrale arrêtée depuis février 2012, sur  la côte ouest du Japon, à Takahama ? C’est peut-être moi qui vais vous  l’apprendre, Mesdames et Messieurs les députés, mais le Japon ne fonctionne plus actuellement qu’avec 2 réacteurs nucléaires sur 48 (je  ne compte pas les 6 réacteurs de Fukushima-1, dont 4 sont hors service  pour les raisons que vous connaissez, et les 2 autres ont été abandonnés). Le saviez-vous ? Entre mai et début juillet 2012, PAS UN  SEUL réacteur n’a fonctionné dans le pays. Nous avons vu les réacteurs  s’arrêter un par un entre la date de la catastrophe (11 mars 2011) et  mai 2012, soit en raison d’incidents soit pour des opérations de maintenance. Personne n’a ensuite eu l’audace de les remettre en marche  jusqu’à ce jour de début juillet 2012, où, passant outre le sentiment  profondément antinucléaire de la population, les autorités ont fait du  forcing et redémarré 2 réacteurs à la centrale d’Ôi, arrêtant du même  coup une centrale thermique à proximité (car, oui, il y avait  suffisamment d’électricité !). Depuis bientôt un an, ce sont les deux  seuls réacteurs en service dans le pays.

À l’heure où il faudrait  tout tenter pour arrêter cette folie et trouver une solution d’urgence,  le gouvernement japonais encourage les gens à revenir dans la zone  d’exclusion qui,  jusqu’au 31 mars 2013, s’étendait sur 10 à 20 km en  demi-arc de cercle autour de la centrale accidentée :  qui voudrait revenir à deux pas d’une centrale incontrôlable, à deux pas de trois  réacteurs éventrés dont on ne sait même pas où se trouve le combustible, à deux pas de ces gigantesques masses d’eau contaminée dans des  citernes dont personne ne sait combien de temps elles tiendront, à deux  pas d’un site qui contient 2000 tonnes de combustibles usés répartis  dans des piscines de désactivation instables, certaines au sommet de  bâtiments qui ont explosé, et alors qu’il est devenu si difficile de  trouver du personnel que TEPCO recrute au Brésil et emploie des SDF ?

Aujourd’hui, 11 villes de l’ancienne zone d’exclusion ont été partagées  en trois nouvelles zones qui s’enchevêtrent inextricablement : une zone  toujours inter
dite car la radioactivité  y dépasse les 50 millisieverts  par an, une zone intermédiaire où l’on a bien imprudemment promis aux  habitants qu’ils pourraient revenir s’installer d’ici 3 ans, et dont la  radioactivité se situe entre 20 et 50 millisieverts/an, et une zone « de  préparation au retour » où la radioactivité peut monter jusqu'à 20  millisieverts/an.  Pour rappel, sachez que la dose maximale autorisée  pour les travailleurs du nucléaire en France est de 20 millisieverts/an  et que la norme internationale pour la population civile est de 1 millisievert par an, comme vient de le rappeler la Commission des Droits  de l’Homme de l’ONU.

La nouvelle Autorité de Sûreté Nucléaire  japonaise vient coup sur coup d’exiger l’interdiction de reprise  d’activité de plusieurs centrales en raison de fausses déclarations de  contrôles qui n’ont jamais eu lieu et parce que de très nombreux  réacteurs sont situés sur des failles sismiques actives.

Mesdames et  Messieurs les députés,  il faut arrêter le massacre. Il faut que vous  arriviez à convaincre M. Hollande que le nucléaire n’est PAS une option.  Nous allons en crever. Vite, vite, faisons quelque chose ! Si vous le  voulez, utilisez mon expérience de Française au Japon qui vit tout cela  en direct, utilisez mon témoignage  pour  porter enfin un message que  personne ne voulait entendre jusqu’à maintenant et dont dépend pourtant  notre survie à tous.

Je me souviens d’une conversation que j’ai eue à  Tokyo avec Monsieur le Ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius  fin 2012 : il m’a dit qu’il avait toujours cru « comme tout le monde »  qu’il était impossible d’arrêter le nucléaire du jour au lendemain  ...jusqu’au jour où il y a eu Fukushima et que le Japon a tout arrêté.   Oui, quasiment du jour au lendemain, le nucléaire s’est arrêté au Japon ! Avec  54 réacteurs à l’origine, contre 58 en France...

Merci d’y  réfléchir. MERCI pour nous tous, au Japon et dans le monde (l’hémisphère  Nord pourra être lourdement touché en cas de nouvelle catastrophe au  Japon), MERCI pour les générations à venir.

Je suis allée plusieurs  fois dans la zone interdite de Fukushima. J’en rapporte des conférences  et des photos. Je le fais pour témoigner, pour montrer où nous mène la  folie des hommes et l’arrogance de certains, plus animés par le goût du  profit immédiat que par le souci du devenir humain.

Mesdames et  Messieurs les députés, merci de m’avoir lue. Je serai 6 jours en France  du 7 au 13  juin, je viens témoigner dans trois conférences de la  situation à Fukushima. Si vous voulez me rencontrer cette fois-ci ou à  une autre occasion (je serai de nouveau en France de début août au 20 septembre environ), n’hésitez pas à me contacter, je serai heureuse de  témoigner, comme j'ai promis à mes amis japonais de la zone interdite de  le faire sans répit.

Salutations républicaines,

Janick MAGNE