dimanche 5 février 2012

Et si l'on commençait par la France !


Article paru dans La Croix, le 3/2/12.


«Global zero» propose une relance du désarmement nucléaire

Après la récente entrée en vigueur du nouveau traité START, le mouvement appelle les États-Unis et la Russie à engager de nouvelles négociations début 2013.
Objectif :  réduire leur arsenal nucléaire respectif à 1 000 têtes nucléaires chacun et retirer les armes nucléaires tactiques américaines et russes des bases de combat européennes

  «Global Zero», le mouvement international pour l’élimination des armes nucléaires lancé en 2007, propose le retrait des armes nucléaires tactiques américaines et russes des bases de combat européennes dans le cadre d’un nouvel accord bilatéral entre les États-Unis et la Russie portant sur toutes les catégories d’armes nucléaires, sans exception. 
Dans un rapport rendu public aujourd’hui dans le cadre de la 48e  Conférence sur la sécurité de Munich, la commission « Global Zero » Otan-Russie affirme que cette approche permettrait de sortir de l’impasse actuelle sur le retrait total des armes nucléaires tactiques américaines basées en Europe en offrant à chaque partie la possibilité de répartir ses dispositifs stratégiques et tactiques dans les proportions de son choix. 
Les États-Unis et la Russie rapatrieraient leurs armes nucléaires tactiques dans des installations de stockage aux États-Unis et en Russie, tout en réduisant leurs arsenaux stratégiques à 1000 têtes nucléaires chacun. Cette première étape franchie, les conditions favorables seraient réunies pour amener la Chine et les autres pays disposant de l’arme nucléaire à la table de négociations multilatérales sur la réduction des armes nucléaires.



De quoi s’agit-il ? 

Les États-Unis disposent actuellement de 500 bombes tactiques (à courte portée) :  environ 200 bombes à gravité B-61, largables d’avion, stockées dans les installations souterraines de six bases aériennes situées dans cinq pays différents (Pays-Bas, Belgique, Italie, Turquie, Allemagne) et 300 armes supplémentaires stockées sur le territoire américain. La Russie disposerait aujourd’hui de 2000 à 4000 armes tactiques, voire 5 500 en incluant l’arsenal inactif (fusées sol-sol, missiles air-sol et bombes à gravitation). Les deux tiers sont stockés dans l’ouest du pays dont une partie importante à proximité des pays d’Europe centrale, d’Europe de l’Est, des pays baltes et de la Norvège.

Du côté de l’Otan, le consensus n’existe pas en faveur d’un retrait total des armes nucléaires tactiques américaines basées en Europe, même si elles ont considérées comme obsolètes. Des États membres souhaitent leur retrait (l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas, soutenus par le Danemark, le Luxembourg et la Norvège), d’autres (la Pologne et la Hongrie, les pays baltes et la France soutenus par la Turquie, l’Italie et le Royaume-Uni) plaident pour leur maintien en Europe car ils estiment qu’elles servent leurs intérêts de sécurité en les mettant à l’abri des intimidations de la Russie (ou de l’Iran, pour la Turquie). 

La France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis sont opposés à un retrait unilatéral. Pour la Russie, les armes nucléaires, et notamment les armes tactiques, conservent leur importance comme facteur de dissuasion permettant de compenser son infériorité dans le domaine des armes conventionnelles.


Les auteurs du rapport

Les auteurs, une brochette de quatorze anciens diplomates, hauts gradés militaires et responsables politiques dont quatre américains, cinq russes, deux allemands, un britannique, un turc et un français (le général Bernard Norlain)-, se veulent réalistes. Pour eux, le fait d’intégrer les armes nucléaires tactiques basés en Europe à un accord nucléaire bilatéral global entre les Etats-Unis et la Russie servirait les intérêts de l’Otan comme ceux de la Russie en réduisant les risques et les dépenses impliquées par leur déploiement. 

Les négociations entre les États-Unis et la Russie s’engageraient début 2013, une fois passées les échéances des élections présidentielles russe et américaine et après le sommet de l’Otan à Chicago, en mai 2012. Et pour faciliter leur ouverture, des avancées seront nécessaires sur la question de la coopération entre l’Otan et la Russie concernant la défense anti-missile et sur l’application du Traité sur les Forces conventionnelles en Europe. 

François d’Alançon 
 

Communiqué par le DRPC (Centre Documentation Recherche sur la Paix et les Conflits)

187 chemin de Choulans
69005 Lyon
  • Tel. : 04.78.36.93.03
  • Fax : 04.78.36.36.83
http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/Global-zero-propose-une-relance-du-desarmement-nucleaire-_NG_-2012-02-03-765235

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