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Papeete
le 12 février 2012
COMMUNIQUE
Le
13 février 1960, la France faisait exploser
sa
première bombe atomique au Sahara
Il
y a cinquante et un an, le 13 février 1960, la France faisait
exploser sa première bombe atomique, Gerboise bleue, dans le ciel de
Reggane, en plein Sahara. Le « Hourra pour la France » du
général de Gaulle reste pourtant un bien triste souvenir pour la
population de cette petite ville du désert. Les médecins de
l’hôpital s’inquiètent de la recrudescence des cancers et
notamment des cancers de la thyroïde et de la peau qu’ils soignent
tant bien que mal avec leurs faibles moyens. En effet,
les
familles sahariennes ont beaucoup de réticence à laisser partir
leurs malades à quelques milliers de kilomètres dans les hôpitaux
d’Alger. Alors ils souffrent et disparaissent en silence.
Il
y a deux ans, des membres de Moruroa e tatou ont pu échanger avec
les représentants de l’association « 13 février 1960 »
de Reggane à l’occasion déplacements à Alger et ils ont visité
les anciens sites d’essais français au Sahara. L’inquiétude est
grande pour les conséquences sanitaires des 4 bombes aériennes qui
ont explosé en 1960 et 1961 à quelques 40 km de leur petit oasis :
les habitants n’avaient ni abris ni blockhaus pour se protéger,
pas plus, d’ailleurs, que les soldats français de la base de
soutien aux essais nucléaires. Ils n’avaient que leurs bras pour
protéger leurs yeux et que leurs seuls vêtements en guise de tenue
de protection contre les radiations.
La
zone des points zéro de ces bombes reste jonchée de ferrailles
tordues et de sable noirci et vitrifié par la chaleur de la bombe.
Ces lieux restent très contaminés et pourtant, ils sont restés
libres d’accès pendant un demi-siècle… Les nomades et les
habitants de Reggane et des oasis voisins, ignorant tout du danger,
ont récupéré tout ce qu’ils ont pu sur ces lieux stupéfiants de
beauté et pourtant imprégnés de poisons mortels.
Des
archives à ce jour inconnues et des investigations récentes
ajoutent leurs images d’horreur à ces sinistres expériences
atomiques réalisées en pleine période de la guerre d’Algérie.
Une avocate de renom du barreau d’Alger a fait réaliser des
expertises sur des photos de « mannequins » qui, selon
les Français, avaient été exposés autour du point zéro de
l’explosion. Après échange avec le ministère de la défense de
la France, l’avocate conclut que ces pseudo mannequins étaient en
fait des corps humains, vraisemblablement ceux de prisonniers du FLN,
envoyés au Sahara à cette même période et dont elle n’a pu
retrouver aucune trace. Est-on devant un crime de guerre ? (voir
pièce jointe).
Moruroa
e tatou se joint aux associations et aux victimes algériennes des
essais nucléaires français pour partager leur tristesse et leur
revendication commune pour la vérité et la justice sur ces
expériences qui ont porté de si graves atteintes tant à leur santé
qu’à leur environnement.
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