mardi 13 septembre 2011

Avertissement dans "le triangle de la mort"

Six mois jours pour jour après la catastrophe de Fukushima, nous voici avertis : les accidents dans l'industrie nucléaire, en France comme ailleurs, peuvent survenir à tous moments avec des degrés de gravité plus ou moins importants. On continue à rassurer au risque d'inquiéter y compris quand il n'y a pas danger pour les populations avoisinantes. La culture du secret est en soi une menace.

Marcoule, Tricastin, Cadarache font partie du Triangle de la mort. Ce qui s'est passé ne peut être banalisé : un salarié de fonderie qui se trouvait à proximité du four est mort. Parmi les blessés, un homme brûlé à 80% a été évacué par hélicoptère au CHU de Montpellier, où il était dans le coma en début de soirée. Les trois autres ont été hospitalisés à Bagnols-sur-Cèze.

http://www.spiritsoleil.com/nonaunucleaire/sud-est/index.php?tag/Marcoule

CODOLET, Gard (Reuters) -

Une explosion s'est produite lundi près du site nucléaire de Marcoule, dans le Gard, faisant un mort et quatre blessés, dont un grave, mais les autorités affirment qu'il n'y a eu aucun rejet radioactif.

L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a précisé que l'explosion s'était produite dans la matinée dans un four servant à fondre des déchets radioactifs métalliques de faible et très faible activité situé dans la commune de Codolet.

"Le bâtiment concerné n'a pas été endommagé", dit l'ASN dans un communiqué. "Les blessés ne sont pas contaminés et les mesures réalisées à l'extérieur du bâtiment par l'exploitant et les services publics de pompiers spécialisés n'ont révélé aucune contamination." L'incendie a été maitrisé à 13h00.

"Cet accident ne comporte pas d'enjeu radiologique ni d'action de protection des populations. L'ASN suspend son organisation de crise", ajoute l'agence.

Le site touché, Centraco (Centre de traitement et de conditionnement de déchets de faible activité), est exploité par la société Socodei, une filiale d'EDF.

Un porte-parole d'EDF a confirmé qu'une personne était décédée dans un local situé à côté du four mais que la détonation était restée contenue dans ce dernier, sans faire exploser le bâtiment lui-même.

PLAN D'URGENCE

Une personne est grièvement brûlée et est dans un état grave, a ajouté EDF, qui n'a pas pu fournir dans l'immédiat d'explication à l'explosion.

"Il s'agit d'un accident d'exploitation classique", a déclaré sur BFM TV un responsable de la Socodei, précisant qu'il s'attendait à ce qu'il soit classé au niveau 1 sur l'échelle internationale des accidents nucléaires (Ines), qui en compte 7.

La ministre de l'Ecologie, Nathalie Nathalie Kosciusko-Morizet, a annoncé qu'elle se rendait sur place.

L'annonce de l'explosion a fait chuter la Bourse de Paris, qui a perdu plus de 5% dans les échanges qui ont suivi, EDF abandonnant 5,60% en début d'après-midi avant de limiter ses pertes à environ 3,00%.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a immédiatement réclamé des informations aux autorités françaises et activé son centre de crise.

Le Parti socialiste, soulignant que cet incident montrait qu'une "défaillance humaine est toujours possible", même s'il n'y a pas eu de fuite lundi, a demandé un audit de "l'ensemble des activités connexes ay nucléaire et des sites sur lesquels sont stockés ou manipulés des substances radioactives".

La candidate écologiste à la présidentielle de 2012, Eva Joly, a demandé "que le gouvernement fasse toute la transparence (...) sur les conditions de cet accident et sur les risques encourus par les travailleurs du site et la population locale".

"Six mois après la catastrophe de Fukushima (au Japon-NDLR), cet accident remet sur le devant de la scène le risque inacceptable que constitue le nucléaire pour la vie humaine. Les alternatives énergétiques existent, l'heure est venue de sortir du nucléaire!", ajoute-t-elle dans un communiqué.

DES "LACUNES" CONSTATÉES EN 2008

France nature environnement (FNE), un groupe de pression antinucléaire, souligne dans un communiqué que le site de Marcoule "stocke de grandes quantités de déchets radioactifs et manipule du MOX, donc du plutonium".

L'Observatoire du nucléaire estime que, même s'il n'y a pas de fuite radioactive (ce qui reste à prouver), cet accident prouve à nouveau que le risque nucléaire est permanent".

L'association antinucléaire ajoute dans un communiqué que "les sites nucléaires géants (...) sont susceptibles de scénarios à 'effet domino'".

Dans son rapport annuel 2010, l'ASN affirmait qu'elle serait "particulièrement vigilante" sur le développement prévu de Centraco, qui est "amenée à prendre en charge en quantité de plus en plus importante les effluents de lessivage des générateurs de vapeurs, qui présentent une activité radiologique limitée, mais qui sont susceptibles de présenter des charges chimiques non négligeables".

L'ASN évoquait dans ce rapport des "lacunes" constatées en 2008 mais a constaté en 2010 une "réelle appropriation par l'exploitant de son plan d'amélioration de la sûreté".

Situé sur les bords du Rhône, le site de Marcoule a été le berceau de l'industrie nucléaire du retraitement, avec des applications pour la Défense puis pour l'électronucléaire.

Il accueille aujourd'hui, sous la responsabilité du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), des équipes chargées de la recherche sur le cycle du combustible nucléaire.

Jean-Paul Pélissier, avec Jean-François Rosnoblet à Marseille. Muriel Boselli et Mathilde Cru à Paris. Fredrik Dahl à Vienne. Édité par Yves Clarisse

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