jeudi 8 septembre 2011

Tchernobyl : l'État "au-dessus des lois"

Non_lieu_proces_tchernobyl

LEMONDE.FR Avec AFP | 07.09.11

Éva Joly, candidate d'Europe Écologie-Les Verts (EELV) à la présidentielle, a dénoncé, mercredi 7 septembre, un Etat "au-dessus des lois" après le non-lieu accordé par la cour d'appel de Paris au Professeur Pierre Pellerin, dans l'enquête sur l'impact du nuage de Tchernobyl en France.

"Vingt-cinq ans après l'accident de Tchernobyl, la responsabilité de l'Etat n'est pas reconnue par la justice. Ce non-lieu est un déni de justice pour les victimes de cette crise sanitaire, notamment pour les nombreuses personnes souffrant de troubles de la thyroïde", écrit l'eurodéputée dans un communiqué.

"Dans le cadre de la campagne présidentielle, je proposerai une nouvelle législation qui tienne compte des risques sanitaires induits par de telles catastrophes. La justice ne doit plus être aux ordres et l'État doit prendre ses responsabilités lorsqu'il a failli, ce qui a été le cas lors de la catastrophe de Tchernobyl", poursuit-elle.

Dans un autre communiqué, l'eurodéputée EELV Michèle Rivasi, fondatrice de la Criirad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité) estime également que "ce non-lieu est un non-sens".

Pour Noël Mamère (EELV), "ce non-lieu est un déni de justice qui prouve la force du lobby nucléaire dans notre pays". (...) "C'est une preuve supplémentaire de la nécessité de sortir du nucléaire, qui est une industrie dangereuse et qui est basée sur le mensonge et l'omerta". "C'est aussi une insulte pour ceux qui sont malades des suites du passage du nuage de Tchernobyl. C'est révoltant", a conclu M. Mamère.

Le réseau Sortir du nucléaire a estimé que la cour d'appel de Paris a "volé le procès aux malades de la thyroïde en France".


LA CORSE EN COLÈRE

En Corse, où l'augmentation du nombre des malades de la thyroïde avait explosé dans les années qui ont suivi la catastrophe, les réactions sont aussi très virulentes.

"Avec ce non-lieu, on s'est moqué de nous", a déclaré le Docteur Denis Fauconnier, généraliste aujourd'hui retraité, qui avait le premier souligné les retombées de la catastrophe sur la population insulaire. "Les dégâts provoqués, a-t-il ajouté, étaient connus au plus haut niveau de l'État. Je n'ai cessé depuis 1986 de réunir les preuves de la répercussion du passage du nuage radioactif sur la Corse, elles sont irréfutables."

Une forte augmentation des troubles de la thyroïde a été observée en Corse, selon un rapport d'experts cosigné par les professeurs Pierre-Marie Bras et Gilbert Mouthon, sur la base d'un échantillonnage tiré de 2 096 dossiers du Docteur Jean-Charles Vellutini, premier endocrinologue installé en Corse.

La présidente à l'Assemblée de Corse de la commission Tchernobyl, chargée d'établir une carte épidémiologique de l'île montrant le lien entre la catastrophe de Tchernobyl et l'augmentation des cas de cancer et de maladies de la thyroïde, a indiqué que les travaux continueraient. "Nous n'acceptons pas le mensonge d'Etat et notre enquête doit permettre à des victimes d'aller en justice", a déclaré Mme Risterucci.

Pour en savoir plus :

Télézapping : Tchernobyl : "En Corse, ça fait jaser"

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mettre fin aussi à notre impuissance : agissons ensemble !