mardi 20 décembre 2011

Pour procéder au désarmement nucléaire unilatéral et total de notre pays, par quoi commencer ?

Les sept États "dotés" (auxquels s'ajoutent Israël et la Corée du Nord)

Au moment où disparaît Kim Jong-il, (ce dictateur qui fut à la tête de l'un des neuf États dotés d'armes nucléaires), à l'aube de l'année 2012, (pendant laquelle les prétendants à la présidence de la république française se garderont bien d'évoquer la dissuasion nucléaire, théorie obsolète fondant la défense de la France), il est grand temps d'aborder, devant l'opinion publique, les questions relatives au désarmement nucléaire unilatéral et total de notre pays.

La cause est entendue (mais pas encore pour le gouvernement français, ni pour ses opposants socialistes !) : il n'est plus aucune raison logique, éthique, économique et politique, de perpétuer une situation militaire qui relève d'un passé révolu !

Logique ? La France n'a plus aucun ennemi qui la menace dans son être même et aucune arme nucléaire n'est braquée contre nous.

Éthique ? La France, depuis que l'a avoué Jacques Chirac, pourrait aller au-delà de la dissuasion et, y compris, envisager de frapper un État menaçant ses intérêts économiques en anéantissant une partie de sa population ! C'est beaucoup plus que choquant et mériterait une condamnation internationale !

Économique ? Le coût exorbitant du maintien en état des armes atomiques ne saurait passer avant l'appauvrissement massif de la France, au cours de cet période de récession et d'endettement gravissime des pays d'Europe.

Politique enfin ? La construction européenne, à relancer plus que jamais, est-elle compatible avec l'équipement nucléaire de deux des États de l'Union : la Grande-Bretagne et la France, pays qui n'ont plus ni la puissance ni les moyens justifiant de supporter, face aux autres États de l'Union, une telle charge, ni une telle responsabilité dans la défense qui doit être commune ?

La plus grande difficulté rencontrée en matière de changement réside, le plus souvent, dans les habitudes mentales et l'engluement où nous laisse une situation qu'on n'a su faire évoluer. Il faut alors beaucoup de courage pour effectuer les choix que l'évidence rend nécessaires ! Le premier acte, déterminant, est toujours le plus dur...


On n'est pas des moutons
Nous ne sommes pas des moutons bêlants !

Pour procéder au désarmement nucléaire unilatéral et total de notre pays, par quoi commencer ? Si la volonté politique d'aboutir à la fin du nucléaire militaire se déclenche, perdure, et va jusqu'au terme de cette détermination historique, encore faudra-t-il procéder à des opérations techniques délicates dans le cadre d'un calendrier complexe.

Il ne suffira pas d'annoncer que les silos, les avions et les sous-marins contenant des armes nucléaires seront délestés de ces charges funestes. Ils ne pourront l'être tous à la fois. Les armes elles-mêmes ne pourront être détruites en quelques mois ! Un accompagnement, celui d'une autorité de surveillance hautement qualifiée, sera nécessaire ! Les citoyens devront, au fur et à mesure, disposer des informations permettant d'effectuer un contrôle politique sur les garanties de sécurité et d'effectivité de ce désarmement périlleux.

Mais ce n'est point tout ! Le gel des sources de matières fissiles et la neutralisation des dispositifs de mise à feu des bombes ou fusées, constitueront, également, un travail nécessitant un savoir considérable. Le lien, notamment avec les centrales d'approvisionnement en plutonium mettra en évidence la proximité, en France, de techniques civiles et militaires. Autrement dit, la fin du nucléaire civil pourrait concourir à la fin du nucléaire militaire, et inversement ! On a trop peu écrit sur ce bouleversement idéologique auquel sont loin d'être prêts les plus grands ingénieurs sortis des hautes écoles scientifiques françaises.

Reste la gestion internationale du dossier. Si la France devait, pour son plus grand honneur et son profit politique, renoncer à une défense nucléaire inefficace, qui la ruine, et qui lui fait perdre son crédit démocratique, elle ne serait pas la première ! L'Afrique du Sud avait renoncé aux armes nucléaires après en avoir construit plusieurs. L'Ukraine n'a pas conservé les nombreuses ogives nucléaires de l'URSS, stockées sur son territoire. La Suède a abandonné l'armement nucléaire qu'elle avait mis au point. Il faudrait, cependant, à la France, assurer le suivi diplomatique de sa décision. Elle serait, de facto, engagée dans l'action de désarmement nucléaire international aboutissant à la signature de la Convention d'élimination des armes nucléaires afin d'amener les autres puissances nucléaires à lui emboîter le pas.

Est-ce là une utopie "réalisable" ? Oui ! Relisons l'Histoire de l'Humanité : l'esclavage, la monarchie absolue dont la suppression fut jugée, en leur temps, irréalisable, n'ont-ils pas été abolis ? Ce qu'on pensait impensable se trouve non seulement pensé, mais mis en œuvre. Quand il y va du sort commun des hommes, on peut, tout de même, espérer que l'instinct collectif de survie poussera vers l'abandon du plus grand des risques. Car il en est des armements atomiques comme du changement climatique : on n'en entend pas parler pendant des décennies jusqu'au jour où l'on se retrouve dans une situation difficilement réversible engendrant des catastrophes sans nom.

Le désarmement nucléaire unilatéral et total de la France est beaucoup plus qu'une question politique immédiate, même si elle l'est. C'est une question de civilisation. C'est une question qui n'est pas dissociable de la mutation qui est en train de s'opérer à l'échelle de la planète. C'est une question qui nous révèle que l'époque gaullienne où s'imposaient encore des logiques d'États-nations est en train de disparaître.

Que s'opposent les tenants du désarmement nucléaire unilatéral de la France et les partisans du désarmement nucléaire global de la société internationale devrait perdre, dès lors, de son intérêt (sans cesser de considérer notre responsabilité citoyenne de Français, situés en première ligne car directement concernés). Agir localement et globalement tend à se confondre. Faire ce qu'on a à faire, chez soi, concourt à faire ce qui est à faire sur toute l'étendue de notre planète de plus en plus étroite et limitée.

On n'en finira pas avec « les nucléaires » seulement en France. On n'en finira pas avec « les nucléaires » sans la France. À nous, Français, d'en faire la démonstration et de prendre la tête d'une lutte qui durera de nombreuses années.

Laissons les carcasses de fusées aux palombes.

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