dimanche 9 janvier 2011

Le désarmement nucléaire est l'affaire de tous.

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1 – N'opposons pas les opposants au désarmement nucléaire.

Désarmement nucléaire unilatéral de la France contre désarmement nucléaire général par Convention internationale... Deux utopies face à face. Utiles utopies ! Complémentaires utopies !

L'utopie est une impossibilité provisoire, une prévision non encore réalisée, auxquelles l'opinion publique ne peut croire, dès lors que ces utopies lui sont décrites comme des illusions sans aucun fondement. Le désarmement nucléaire n'est déjà plus tout à fait une utopie depuis que l'on en a découvert la nécessité et l'urgence, depuis que le Président des États-Unis en a affirmé l'intérêt, depuis, surtout, que le lien avec la dissémination a été établi : la dissuasion ne jouerait plus s'il y a trop d 'États dotés.

L'opposition entre deux conceptions du désarmement antinucléaire voisine le ridicule. Au lieu de s'user à démontrer qui a raison, mieux vaudrait unir les maigres forces existantes pour examiner comment rendre crédible une affirmation unique bien qu'à deux faces : le désarmement nucléaire est une exigence qui s'exprime État par État, unilatéralement, dans chacun des pays concernés et dans tous les États unis, par l'ONU, car les États non dotés sont autant concernés que les neuf États disposant de l'arme atomique.

S'il faut commencer chez soi, commençons donc, nous, Français, par la France. Soit ! Si la France menace ses voisins par la présence sur son sol et dans les eaux internationales de missiles porteurs de charges nucléaires, intervenons nous, citoyens français, dans les instances européennes d'abord, dans les organisations mondiales, ensuite, pour dire notre solidarité avec ceux qui veulent qu'on renonce, partout, en France comme ailleurs, à l'arme nucléaire, menace pour l'humanité.

Cette double action, non dissociable, doit être conduite, dans la durée, à chaque occasion, devant l'opinion nationale et internationale. C'est pourquoi, dès à présent, doit être engagé le débat sur l'arme nucléaire française, à l'occasion de la prochaine élection présidentielle de 2012 et, sans interruption, au-delà.


2 – Entrons dans la campagne électorale de 2012

Deux contestations radicales doivent émaner des opposants à la politique militaire de la France. Elles ne se limitent absolument pas à la France mais sont particuliérement sensibles, en France : la dissuasion nucléaire n'assure pas la sécurité et remettre le pouvoir d'user de l'arme nucléaire à un homme seul, chef de l'État, est un leurre mais un leurre dangereux.

La dissuasion repose sur cette idée simpliste et pourtant forte parce que devenue crédible pour une majorité de nos compatriotes : la France ne peux être menacée parce qu'elle dispose de moyens de rétorsion si importants que, même défaite, elle causerait des torts insupportables à son adversaire. Cette doctrine, née au temps de la guerre froide, quand les États menaçants étaient désignés par leur nom, quand l'ennemi éventuel était lui-même doté d'un armement nucléaire, a cessé d'être cohérente ! L'Union soviétique n'existe plus. Aucun des huit États armés de missiles nucléaires ne menace la France. Le concept même d'ennemi potentiel n'est plus utilisé. On lui a substitué l'idée de terrorisme international, lequel est insensible à la dissuasion parce que non ciblable, non territorialisé. Au contraire, un attentat imprévisible, comme on l'a vu le 11 septembre 2001, ne peut être prévenu par l'arme atomique et, plus encore, risque d'avoir pour cause la volonté de s'en prendre aux États occidentaux en vue, au premier rang desquels les États nucléaires (Notamment les USA, la France, la Grande-Bretagne, Israël, voire, à présent, la Russie...).

Pour redonner sens et crédibilité à la dissuasion, on a commencé à faire valoir le droit à user de l'arme atomique non comme riposte mais comme protection des intérêt vitaux ! Le virage pris, durant le mandat de Jacques Chirac, est particuliérement dangereux. Il mêne la France vers l'auto-décision de frappe nucléaire quand une menace économique majeure (sur ses approvisionnements énergétiques, par exemple) risque de compromettre le niveau de vie des Français. La France serait-elle amenée à frapper n'importe quelle zone, en ce monde, où l'on entendrait la priver de ressources pétrolières, ou en uranium, jugées indispensables ? Ce glissement stratégique, en plus de son caractère odieux (dès lors que les populations touchées seraient sans rapport avec un tel conflit économique), fait courir à la France deux risques directs pour sa sécurité : il attire les actes terroristes et il met notre pays au ban des nations civilisées.

La centralisation de la décision politique, dans cette monarchie républicaine qu'est devenue la France (depuis que la cohabitation, impossible sous De Gaulle, est devenue, par deux fois, possible sous François Mitterrand puis Jacques Chirac), fait du Président de la République, bien plus que le chef suprème des Armées ! Celui qui détient les clefs du système de déclenchement du recours à l'arme nucléaire, n'est contrôlé par personne, ni par le Parlement, ni par l'État-major (lequel n'est qu'un conseil). S'il en était autrement, les Français ne le sauraient pas et l'autorité politique à préserver ne permet, de toute façon, pas qu'on en doute ! Il y a dans le pouvoir personnel du chef de l'État français, un lien nécessaire avec le symbole absolu de la puissance que représente l'arme nucléaire. La démocratie est, année après année, minée par ce droit de vie et de mort, accordé, en France, à un élu du suffrage universel ! Les aspirants à l'Élysée se gardent bien de contester ce droit, car ils perdraient, aussitôt, leur capacité à en devenir le titulaire. La mise en cause de cette dérive antidémocratique s'effectuera-t-elle en 2012 ? Les organisations non-violentes et authentiquement démocratiques en portent pourtant la responsabilité...


3 – N'agissons pas qu'en France et entre Français

Quiconque considère que la plupart des questions majeures qu'affronte l'humanité ne trouveront pas leur réponse au sein de frontières nationales, est conduit à agir en citoyen du monde. À cet égard, le citoyen français est, d'abord, un citoyen européen. Si l'Europe politique n'existe pas, c'est dû, notamment, à cette conviction française que le destin des habitants de notre pays dépend de notre propre puissance. Il en est de même, en Grande Bretagne, où les Britanniques élèvent, depuis des décennies, des obstacles à la construction européenne. Dans ces deux États dotés d'armes nucléaires, il est impossible de penser la défense autrement qu'à partir des arsenaux existant et donc, le lien entre les 27 États membres et un lien de dépendance et non de parité. L'Allemagne elle-même n'échappe à la domination du nucléaire que parce qu'elle se l'est vue interdire en 1945.

Lutter contre l'armement nucléaire, en Europe, c'est agir, d'une part, avec ceux des Anglais qui sont décidés à faire abandonner, par leur pays, ce qui les ruine et les déconsidère. C'est aussi lutter de façon solidaire avec nos concitoyens européens qui, dans plusieurs États, exigent le retrait des armements nucléaires des USA, tournés non plus contre l'URSS mais contre des pays d'orient. L'exemplarité négative de la France fait obligation aux acteurs des luttes antinucléaires d'être, en Europe, des porte-parole informés, attentifs, présents partout où on les appelle, pour aider nos concitoyens européens à développer leurs propres argumentations et leur engagement politique.

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Hors d'Europe, il est, actuellemment, trois zones nucléairement sensibles dont nous ne saurions en tant que Français rester éloignés !

La première, où est relancée l'idéologie de la dissuasion, est celle qui met aux prises des combattants impliquant l'armée pakistanaise. D'un côté, l'émergence de l'Inde comme puissance économique majeure, bientôt la plus peuplée en ce monde, concentre, dans cette région, des motifs de conflits économiques et politiques sans équivalents. Les tensions entre le Pakistan et l'Inde, ne seraient bloquées que par la peur de l'emploi des missiles nucléaires dont disposent les deux États ! De l'autre, la guerre en Afghanistan, et les attentats au Pakistan, élèvent le niveau de dangerosité à des niveaux considérables qui peuvent faire perdre la maîtrise des armements les plus meurtriers. À cela s'ajoute, en plus de l'implication de l'armée pakistanaise qui dispose, en réalité du pouvoir politique, l'insupportable échec qu'auront connu les USA, tant en Irak, dont ils vont repartir sans gloire, qu'en Afghanistan où les moyens miltaires les plus sophistiqués et les plus puissants n'auront pas permis d'avoir raison de la rebellion talibane et autre... Autrement dit les risques de « dérapage » sont parvenus à un niveau que nous sous estimons à tort ! On ne peut faire comme si la question nucléaire était théorique ; elle est très actuelle et tout spécialement dans la proche Asie. Impossible d'en faire l'impasse.

La seconde, à peine moins délicate, se centre sur lsraël. Cet État acculé, qui dispose d'un armement conventionnel et nucléaire sans rapport avec les moyens militaires de ses voisins, est habité par deux hantises, insensées peut-être mais clairement exposées, qui guident ses choix politiques. La peur de voir Israël subir une érosion démographique menaçant son avenir et le plaçant sous la domination d'un environnement hostile fait dire à certains : « Plutôt tous mourir que de revoir la Shoah » ! Par ailleurs, la montée en puissance et en influence de l'Iran, pays antagoniste avéré, fait craindre une agression nucléaire dont certains dirigeants israéliens voudraient se prémunir par des frappes préventives si les USA ne révèlent incapables d'y recourir eux-mêmes ! Autrement dit, en Israël, des forces politiques existent qui iraient jusqu'à l'emploi de l'arme nucléaire plutôt que de reculer face à la pression arabe. Impossible de n'en pas tenir compte, dès aujourd'hui.

La troisième, bien que plus éloignée, concerne les derniers État dotés : la Corée du Sud et la Chine. Les tensions récentes entre les deux Corées, l'imprévisiblité de la dernière dictature se réclamant d'un communisme imaginaire, placent, en cette partie du monde, une bombe à retardement non seulement atomique mais permanente, entre les mains de dirigeants vivant dans un monde suranné et fanatisé. Il n'y a pas là de quoi se rassurer, bien que l'immense et surpuissante Chine dispose de moyens de survie dont la Corée ne peut se passer. La Chine, apparemment moins menaçante que les autres pays dotés, pour le moment, est un empire nationaliste occupé à installer sa domination économique ! Autrement dit, les complexes et évolutifs rapports de forces entre puissances ne cessent de faire de l'arme nucléaire un outil politique et militaire très actuel qui ne saurait être pensé comme un objet qu'Hiroshima et Nagasaki auraient rendu historiquement inutilisable !


4 - Le désarmement nucléaire unilatéral de la France est inséparable du contexte mondial.

Cette courte analyse vise non refuser mais à élargir le fondement du désarmement nucléaire unilatéral de la France. S'occuper de la dissuasion française oblige à voir large. Prendre conscience du contexte international lourd et très menaçant justifie qu'on mette en cause la conception française d'une défense d'un autre siècle. Ce n'est pas en augmentant les moyens nucléaires qu'on en réduit les dangers. La mondialisation n'a pas que des effets pervers : elle oblige à penser la TerAfficher l'image en taille réellere comme un tout solidaire.

Si la France a des responsabiltés particulières, c'est parce qu'elle s'entête à se vouloir une puissance nucléaire civile et militaire. Le lien entre les 58 centrales atomiques et l'ensemble des outils militaires qui compose la Force de frappe française est sans doute le plus étroit qui soit, sur la planète. L'engagement antinucléaire est total. Il n'est pas que moral. Il n'est pas que philosophique ou religieux. Il n'est pas que politique. Il est tout cela à la fois. Il est devenu premier.


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