vendredi 17 juin 2011

Lauvergeon "sortie du nucléaire"...

Coup double pour Henri Proglio et Nicolas Sarkozy, associés dans cette opération politique : virer l'indocile et relancer le nucléaire français dans "l'après Fukushima".


Proglio, Lauvergeaon :le couple infernal

"C'était la fin de son mandat, le gouvernement a pris la décision de nommer à la tête de l'entreprise le numéro deux", a commenté Nicolas Sarkozy, en annonçant qu'il recevrait la patronne déchue d'AREVA.

"Il était temps de passer à une nouvelle étape", a fait valoir François Fillon.

Le ministre de l'Industrie, Eric Besson a récusé tout "changement d'orientation stratégique", tout en concédant qu"'il y aura, évidemment, un certain nombre d'inflexions liées à l'activité industrielle d'AREVA et au nouveau contexte international"...

La cote de "Atomic Anne", patronne historique d'AREVA, la seule femme à la tête d'une entreprise de cette envergure, considérée comme l'une des femmes les plus puissantes du monde, donnée partante de longue date, était paradoxalement remontée à la faveur de la catastrophe de Fukushima, qui lui avait permis de s'afficher comme défenseur d'installations nucléaires plus chères mais plus sûres. Était-ce bien le choix du gouvernement ?

Luc Oursel, chargé par le Premier Ministre de "mettre en œuvre un plan d'amélioration de la performance de l'entreprise", va devoir relever de nombreux défis industriels, pacifier les relations du groupe avec EDF, son premier client, et mener à bien les coûteux chantiers des premiers EPR, en Finlande et à Flamanville (Manche).

Il fallait s'attendre à une tentative de reprise en main du dossier nucléaire, en France, après la suite, d'annonces qui vont toutes à l'encontre de la politique française, depuis la décision spectaculaire de l'Allemagne de sortir du nucléaire d'ici 2022, en passant par le résultat du référendum qui confirme l'abandon du nucléaire en Italie, sans oublier la décision suisse de renoncement progressif et l'hostilité confirmée de l'Autriche à toute relance du nucléaire en Europe.

Anne Lauvergeon avait le désavantage d'avoir, en outre, des appuis dans les milieux socialistes pronucléaires (péché mortel pour Sarkozy !). Elle était à la tête d'AREVA depuis 2001.

"Écris bien, prends des notes, bientôt, tu seras limogée...!"

En 2001, la Compagnie générale des matières nucléaires (Cogema) fusionne avec la Franco-Américaine de construction atomiques (Framatom). Alors numéro un de la Cogema, une entreprise très critiquée pour sa gestion des matières nucléaires, Anne Lauvergeon prend la tête du nouveau groupe, baptisé AREVA, un nom inspiré d'une abbaye cistercienne espagnole, Arevalo.

Des mines d'uranium au retraitement des déchets en passant par la construction de centrales, le nouveau groupe est présent sur l'ensemble du cycle nucléaire. Ses mines au Canada, au Kazakhstan et au Niger lui permettent de devenir, en 2009, le premier producteur mondial d'uranium, devant Cameco et Rio-Tinto. En 2010, AREVA a extrait 10 400 tonnes de yellow-cake, cette poudre d'uranium que l'on trouve dans les mines.

L'enrichissement du yellow-cake se fait dans l'usine du Tricastin. Il est ensuite vendu aux entreprises, comme EDF, qui exploitent les centrales nucléaires. L'activité d'AREVA ne s'arrête pas là puisque le groupe est également le leader des constructions de réacteurs, une composante importante de son activité. Le groupe a construit une centaine de réacteurs dans le monde et a débuté les chantiers de quatre réacteurs de troisième génération, type EPR, en Finlande, en France et en Chine.

Il propose également des services de maintenance et fournit d'autres composants, comme les générateurs de vapeur. Enfin, Areva exploite l'usine de retraitements de déchets nucléaires de La Hague.

Porté par l'augmentation des prix des énergies fossiles et la montée du débat sur le changement climatique, le groupe a vu son chiffre d'affaires augmenter, de 6,8 milliards à 9,1 milliards d'euros. Détenu à 73 % par un organisme public, le Commissariat à l'énergie atomique, et à 10 % directement par l'Etat français, le groupe reste très lié à la France où il réalise 39 % de son chiffre d'affaires. Les autres actionnaires sont le fonds souverain du Koweït, à hauteur de 4,8 %, la Caisse des dépôts et consignation, avec 3,3 %, et EDF, avec 2,2 %.

L'accident de Fukushima en mars 2011 a relancé le débat sur l'énergie nucléaire et les risques qu'elle implique. Selon un sondage IFOP réalisé début juin pour Le Journal du dimanche, 77 % des Français souhaitent l'arrêt rapide ou progressif du programme nucléaire.


"Haut les mains ! Tu ne serais pas radioactif, toi..."

Anne Lauvergeon s'est montrée optimiste depuis l'accident japonais, même si le marché pourrait se réduire fortement ces prochaines années, voire se limiter à la Chine et au Royaume-Uni. Le constructeur devrait donc réorienter ses activités vers la maintenance des réacteurs déjà construits. Par ailleurs, Anne Lauvergeon avait annoncé en mars que les énergies renouvelables allaient représenter "un tiers du chiffre d'affaires à l'horizon 2015". Là encore, était-ce la volonté du gouvernement ?


D'autres femmes entendent sortir du nucléaire, mais... volontairement !

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